Wednesday, August 6, 2008

Indépendance 08



Lettres du Liban remercie de tout cœur Sixtine, Kheireddine, Frenchy et Cédric qui ont eu la délicatesse de lui exprimer leurs vœux de bonnes vacances sur le forum ainsi qu’a ceux qui l’ont fait par e-mail ; de même qu’aux lecteurs assidus de ce blog.
A eux tous, ce texte est dédié.

* * * *

Entre l’écoulement de la première phase des vacances, et dans l’attente d’entamer incessamment la seconde, quoi de plus naturel pour le vieux Beyrouthin désabusé que de reprendre l’espace de quelques heures les chemins de sa vieille ville jadis adorée, et dont les réminiscences dans sa mémoire n’en finissent plus de mourir.

L’imagination débridée aidant, l’idée de cet article inhabituel dont les illustrations forment le corps principal le frappa en plein chemin ; mais d’une part, n’ayant point l’habitude de se balader avec son Sony cyber-shot pendu autour du cou, et de l’autre étant sévèrement limité par le temps, il ne lui restait plus qu’à avoir recours aux modestes capacités photographiques de son portable qui ne répondent en aucune façon aux ambitions artistiques de l’operateur.


* EN ROUTE.




Il est de cela une bonne décennie que la municipalité du littoral du Metn érigea à l’ endroit d’un terrain vague situé place de la Sagesse, un coquet petit jardin public ; initiative que je saluais à l’époque avec joie et enthousiasme.



Quelques semaines seulement après son inauguration, le jardin fut refermé, et ses portes demeurèrent jusqu'à ce jour, plus obstinément scellées que celles de la justice Kafkaïenne.

Explication d’un ‘’responsable’’
_ C’était la seule solution pour le préserver du vandalisme !



Sur mon chemin, le Christ recrucifié sur le toit d’un établissement spécialisé dans le commerce de gris-gris, talismans, fétiches, amulettes, et autres totems et tabous…



…de même que sur la croisée des chemins entre Dora et Mar Youssef, recrucifié cette fois-ci par les bons soins de la municipalité.



Qui a donc décidé de cette tour-horloge mastoc, mélange baroque et malencontreux qui se veut ‘’renaissance Italienne’’ et qui détonne péniblement avec son environnement, sans parler de la disproportion entre sa massive laideur et l’exigüité de la place de New-Jdeidé ?



Être honoré de son vivant est une chose, et se voir rebaptisé du nom (Anglais de surplus) du huitième mois du calendrier Grégorien en est une autre.

* TERMINUS ; TOUT LE MONDE DESCEND A AÏN-EL-MRAÏSSEH.



!!! يا ماما
C’est quoi ça ???

Une laitue génétiquement modifiée, ou une cactée préhistorique pétrifiée ?

Nenni gentes Dames et gentils Messieurs ; tout juste un « mémorial » que les esthètes Libanais ont érigé à l’endroit même où le grand homme nous quitta pour un monde meilleur.



A quelques pas de la ‘’laitue’’, une stèle métallique invraisemblable…



…et Abou-Bahaa’ en personne, sur gazon.

Ne s’est-il donc point trouvé parmi tous ces Rodin du Dimanche une seule personne sensée pour leur rappeler qu’une statue perds la presque totalité de son impact dramatique lorsqu’elle elle est posée sans SOCLE, dut-elle être celle du David de Michel-Ange ?



Et qu’en réunissant dans un même plan la statue de l’homme avec une stèle insensée quatre fois plus grande, le sujet principal (Hariri) se retrouve écrasé jusqu’à l’effacement, dans une des utilisations les plus stupides de l’espace scénique que j’aie jamais vu. ?



Et qu’un carrelage d’une affreuse céramique bleue style ouatères publiques, couronné par une classique balustrade Villandry en pierre, atteint des summums de vulgarité dissonante ?



Pour couronner le tout, le sol revêtu de sordides dalles en béton imitation brique…
Il est aussi important de mentionner que parmi ses innombrables aspects ‘’artistiques et culturels’’, ce monument a aussi l’avantage d’avoir des capacités Audio : discours, chansons, musique et ‘’zajal’’ sont diffusés a longueur de journée pour accentuer l’aspect ‘’Disneyland’’ de l’affaire..

Mon pauvre Abou Bahaa’. Tu mérites mieux que ça.



En comparaison, et malgré la négligence, la végétation qui l’étouffe et la terre non revêtue sur laquelle elle repose, la sobriété majestueuse de la statue de Riyad el Solh se dresse, vestige d’une autre époque, d’autres critères et d’autres conceptions.
D’un autre Liban.



Cependant, un symbolisme terrible et certes non voulu par les auteurs, se dégage puissamment du site commémoratif d’Aïn-el-Mraïsseh :

_ La confrontation silencieuse qui continue entre l’hôtel défunt et l’homme qui n’est plus.

* EN CHEMIN DE RETOUR.



Le pèlerinage inévitable.



Le vent du Khalij.
Combien de pauvres filles de joie Libanaises sont-elles destinées à être avilies, brutalisées ou même égorgées impunément entre les murs de ces appartements de luxe ?




Une agréable surprise !
Dans les avenues derrière le centre STARCO, un petit coin de paradis, grand comme un mouchoir de poche.
Serait-ce la solution de SOLIDERE pour le problème de déboisement du Liban ?



Mais trêve de jérémiades et gémissements absurdes.
ما بقا تحرز

Alea jacta est, et le raz-de-marée divin a déjà tout englouti.

Pour les Libanais qui continuent à se remplir la panse et faire la fête, inconscients de leur destin définitivement scellé, je propose cette célèbre ritournelle légèrement modifiée pour peupler joyeusement leurs soirées de beuveries orgiaques:

Ah, ah, a la queue leu-leu
Ah, ah, a la queue leu-leu
Ah, ah, a la queue leu-leu
Tout l’monde a l’abattoir
A la queue leu-leu.

Ibrahim Tyan.

Visitez : « Les carnets du Beyrouthin ».

6 comments:

  1. wlc back

    c'est vrai qu'il n'y a pas une seule personne que je ne rencontre qui ne critique pas ... le monument pour hariri.

    S'ils voulaient l'assassiner une deuxième fois, cela n'aurait pas été un meilleur choix

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  2. @ Frenchy.

    L’indigne et vulgaire monument érigé a la mémoire de Hariri n’est qu’une petite illustration de la dégradation rapide et dramatique qui afflige le pays sur tous les plans et a tous les nivaux.

    Pour ce qui est du monument, la détérioration flagrante sur le plan artistique et culturel a naturellement mené a un manque total de bon sens et de bon goût.

    Hélas, ce n’est là qu’une des moindres plaies qui affectent désormais le Liban.

    Merci pour votre aimable attention, je quitte ce Dimanche pour rentrer définitivement le 5 Septembre sauf imprévu.

    Meilleures salutations à vous ainsi qu’à la talentueuse M-J.

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  3. Salut Ibrahim, faisais-tu du tourisme à Jdeideh et Jal El Dib? LOL!
    À propos de ce mur de salle de bain bleu, c'est une invitation à pisser dessus ;) Quant à la colonne à côté de la statue de Hariri, elle ressemble à un totem!

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  4. Ah oui, j'ai oublié pour August Bakhos
    1) Pourquoi les nouveaux noms des rues doivent-ils être écrits sur d'aussi grands panneaux? Est-ce pour obliger les gens à retenir le nouveau nom sinon, ils continueraient à dire l'ancien nom pendant une génération ou deux. Exemple: Corniche El Mazraa pour Avenue Saeb Salam, Corniche El Nahr pour Avenue Pierre Gemayel ou Corniche El-Raouché ou Chourane pour Avenue Charles De Gaulle (lire Charl Di Ghool) etc...
    2) Pourquoi pas August Baccus pendant qu'on y est...est-il encore vivant, ce monsieur dont le nez était tout le temps bouché?

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  5. @ Kheireddine

    _ Tu ne crois pas si bien dire l’ami ; la possibilité de ne plus revenir au Liban que pour faire un peu de tourisme est une perspective de plus en plus envisageable.

    _ Pisser sur le monument du grand homme ? Que t’arrive-t-il ya Kheir ? Même Ibrahim l’iconoclaste n’y a pas pensé :)))))

    _ On a beau changer l’appellation et agrandir les panneaux, ce sera toujours Mazraa, Raouché, Nahr ou Chourane pour moi.

    _ A ma connaissance, Auguste est toujours de ce monde ; à moi il m’a toujours donné l’impression de souffrir d’une extinction vocale chronique.

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  6. C'est juste le mur qui invite à pisser dessus, pas la statue ;)

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