Saturday, August 30, 2008

Δημοκρατία¹


¹ DÊMOKRATIA « Souveraineté du peuple » .

* * * *

Et pour comble de méchanceté, - malheur ! Malheur a toi ! Oracle du Seigneur Yahvé – tu t’es bâti un tertre, tu t’es fait un haut-lieu sur toutes les places. A l’entrée de chaque chemin, tu t’es bâti un haut-lieu pour y souiller ta beauté et livrer ton corps a tout venant ; tu as multiplié tes prostitutions. Tu t’es prostituée chez les Egyptiens, tes voisins, au corps puissant, tu as multiplié tes prostitutions pour m’irriter. Et voici que j’ai levé la main contre toi. J’ai rationné ta nourriture, je t’ai livrée à la merci de tes ennemies, les filles de Philistins révoltées de l’infamie de ta conduite. Tu t’es prostituée chez les Assyriens faute d’être rassasiée. Tu t’es prostituée sans te rassasier. Tu as multiplié tes prostitutions, au pays des marchands, chez les Chaldéens, et cette fois non plus, tu ne t’es pas rassasiée.

Ézéchiel – 16. 23/29.
(Histoire symbolique d’Israël).

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Il est un leitmotiv que nos vénérables ‘’dirigeants’’ entonnent sporadiquement selon les besoins du moment, et qui est celui d’améliorer le statut de la femme au sein de notre démocratie déjà exemplaire ; ladite amélioration consistant en l’établissement d’un quota obligatoire octroyant aux femmes 30% des sièges parlementaires, soit la présence assurée a la chambre de 38,4 femmes (ou plus plausiblement de 39 - galanterie oblige -), ceci en présumant que le chiffre global actuel de 128 députés demeure inchangé.

N’ayant pu accéder au pouvoir que par le ‘’droit’’ d’héritage d’un mari ou d’un frère défunt, ou grâce a l’appui d’un ‘’Don’’ bienveillant, nos quelques représentantes actuelles ne valent guère mieux que leurs homologues masculins ; il demeure cependant qu’en augmentant substantiellement leur nombre on multiplierait les chances de voir éclore de cette charmante assemblée une nouvelle Margaret Thatcher, une Indira Ghandi ou une Golda Meïr bien de chez nous, sinon une Simone Weil dans les expectations les plus modestes.

Et bien qu’elle ait intellectuellement damé le pion à Henry Kissinger, ex recteur d’Harvard, (de l‘aveu écrit de ce dernier), comment voudriez-vous que la mère Meïr puisse avec ses cheveux sommairement peignés, sa robe cousue par elle-même, et ses mocassins à semelles de crêpe, rivaliser avec nos fringantes poupées parlementaires siliconées par devant et liposucées par derrière, pour le plus grand orgueil de la nation.

Dans ma candeur d’idéaliste, j’ai toujours considéré que la démocratie fondamentale dépendait plus de l’Ecclésia que de la Boulê et que le peuple en constituait l’origine et le véhicule.

Voila pourquoi je serais curieux de savoir si les illustres réformateurs qui sont derrière cette ‘’généreuse’’ proposition ont pris en considération l’opinion de la franche majorité de la population Libanaise pour laquelle le statut de la femme ne dépasse toujours pas celui d’une ‘’monture’’ créée uniquement dans le but de procurer du plaisir a l’homme et d’en assurer la progéniture, puisqu’elle demeure de par la définition-même de son propre créateur, « de raison et de foi incomplètes », donc inférieure en touts points a l’homme qui peut (et se doit) de droit Divin, de la ‘’corriger’’ physiquement chaque fois qu’il en voit le nécessité, ‘’en observant cependant les règles de la retenue et de l’équité’’ .

Ô clémence Divine !

Mais laissons donc à Dieu le soin de récolter son dû comme bon lui semble, et contentons-nous plutôt de rendre à césar ce qui lui revient de droit.

Les Libanais, qui aiment a se croire les descendants de ces Phéniciens réputés le peuple le plus mercantile de l’Antiquité, en ont cependant gardé une prédilection innée pour les prélèvements, parts, dividendes, fragments et autres formes de prorata ; d’où leur système gouvernemental entièrement bâti autour d’un imbroglio de quotas aussi nombreuses qu’emberlificotées.

Il est donc dans l’ordre naturel des choses, qu’une nouvelle cote concernant la contribution féminine au gouvernement vienne s’ajouter aux quotas d’ordre confessionnel, sectaire, ethnique, politique et autres qui gèrent la vie sociopolitique des Libanais.

Mais là encore, une complication pointe déjà à l’horizon. !

Dû a des causes diverses dont notamment la guerre et l’immigration massive, des statistiques officieux donnent aujourd’hui les femmes comme largement majoritaires au Liban. (De 55% a 65% de la population) ; d’où l’injustice flagrante de ne leur octroyer que 30% des sièges parlementaires alors que les règles les plus élémentaires de la démocratie leurs donnent clairement droit au double.

Sale histoire quand même !!!

Après avoir étés accusés de Fascisme, d’antisémitisme, de féodalisme, de fondamentalisme, de fanatisme, d’obscurantisme, de terrorisme et j’en oublie, nous voici aujourd’hui en danger d’être taxés de sexisme.

* * * *

Adossé à un pan de mur entre la fin de l’avenue Saïfi et le début de la place des Martyrs, j’attendais patiemment le feu vert pour le passage des piétons, sans lequel la traversée de cette artère à circulation rapide serait un flirt délibéré avec la mort.

Et je me surpris à rire tout seul en repensant a l’engagement solennel (et écrit m’affirme-t-on) de ne démissionner du cabinet en aucun cas et sous aucun prétexte, que prirent sur eux-mêmes les ministres de notre nouveau ‘’gouvernement d’entente nationale’’.

En vérité je vous le dis : Ma verve demeure impuissante devant La violence des sentiments que soulève en moi cette absurdité inimaginable…

Retrouvant la réalité des choses, je me rendis compte de l’écoulement d’une bonne quinzaine de minutes au cours desquelles les feux de signalisation avaient plusieurs fois changé de couleur, sans pour cela avoir le moindre effet sur le rythme infernal de la file ininterrompue de véhicules de tous tonnages qui continuait à filer devant mes yeux a une cadence folle dans un bruit assourdissant.

C’est Ça mes agneaux ; foncez donc la tête la première ; foncez sans avoir d’égards pour rien ni personne et faites voir au monde entier de quelle pâte est pétri un Libanais ; vous ne pouvez pas savoir combien j’ai le cœur gros à vous regarder ; combien je suis fier de vous.

Brûlez donc vos feux rouges de même que vos forêts.
Polluez votre mer ; gâchez vos terres fertiles.
Incendiez vos villages et saccagez vos villes.
Vandalisez vos institutions et vos universités.
Vendez votre patrie et trahissez mille fois
Mais pour l’amour de Dieu, ne perdez pas la foi.

A part les quelques kilomètres restants entre Aïn-el-Mraïsseh et Ramlet-el Baïda, Beyrouth est en passe de devenir rapidement une ville interdite aux piétons.

Qu’à cela ne tienne.

TOZ !!!

* * * *

Elevez vos pleurs
De tristes mélopées
Emportent l’épaisse voile noire.
Vers des rivages ignorés du soleil.

Ô toi la mort.
Enfant de la terre.
Je t’en conjure d’aplanir le chemin.
Devant ce voyageur qui hâte le pas.
Vers la demeure du sommeil eternel.


Œdipus Colonaeus
Sophocles, 496 – 406 Av. J-C.

Ibrahim Tyan.

* Visitez : « les carnets du Beyrouthin »

Wednesday, August 20, 2008

La rupture et le mépris.


Beyrouth ne me manque plus depuis que j’ai cessé de me considérer d’elle, et elle de moi.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Je ne le sais (que trop) et ne veux pas le savoir.

Même que la langueur des vagues de cette Méditerranée ancestrale qui viennent de leur écume d’argent et de lumière caresser les rivages maudits d’Aïn-el-Mraïsseh, me ramènent désormais d’autres images où se mêlent les ombres de Médée la tragique, de Calypso l’ensorceleuse, et de l’émouvante Nausicaa, belle comme Artémis et qui porte avec une muette grandeur, la cruelle meurtrissure d’une passion sans espoir.

En aboutissement inexorable a la noire malédiction du père, Polynice à la tête d’une armée étrangère, franchit sous le regard scrutateur de Sophocle la septième porte de Thèbes, et partit glaive à la main, a la recherche de son frère Etéocle, tous deux fruits incestueux des amours interdits d’Oedipe et de Jocaste.

Eclairés par des flambeaux géants dans l’amphithéâtre immense, les jeunes filles et garçons du coryphée, tous de lin vêtus tels des colombes blanches, s’alignent en un demi-cercle parfait autour de leur roi debout, que deux esclaves en génuflexion achèvent de revêtir de pourpre et d’airain.

Du cœur de la nuit, les lamentations du chœur montent vers la voûte étoilée.

_ Ne te rends point a la septième porte ; nous t’en conjurons ô notre roi bien-aimé…

Monolithe statique, le noble Etéocle lève lentement le bras, et toutes les voix se taisent.

La vibration de son timbre grave vrille alors l’épais silence.

_ Si ma mort m’attend à la septième porte, j’irais moi-même à sa rencontre.

* * * *

De la devise ‘’connais-toi, toi-même, laisse le monde aux dieux’’ gravée sur le fronton du temple d’Apollon a Delphes, Socrate ne retint que ‘’connais-toi, toi-même’’, et fit pour cela figure de contestataire de par sa vénération pour ces dieux tout en avouant son ignorance a leur égard.

Mais ne vaut-il pas mieux une ignorance qui se connaît, qu’une ignorance qui s’ignore ? Et d’être en possession d’une science : celle de son ignorance, plutôt que d’être affligé selon Platon de ‘’double ignorance’’ par le fait de ne pas savoir, et de vivre dans l’illusion de son savoir ?

La connaissance et la maîtrise de soi ainsi que l’affranchissement des spéculations idéologiques et des explications théologiques demeurent les piliers essentiels de la pensée Socratique.

Depuis, que nous a-t-on servi de vraiment mieux ?

* * * *

Un organisme qui a définitivement et irrémédiablement perdu toutes les facultés nécessaires pour une existence saine et normale, voila ce qui est advenu du Liban d’aujourd’hui.

Dès 1948, les Libanaise sont partis pour se faire volontairement incuber du mal venu de part et d’autre de leurs frontières ; mais à quoi bon en parler puisque cela ne sert vraiment plus a rien.

Il n’existe pas de remède connu pour le SINDA (Syndrome Immunitaire National Déficient Acquis).

Alors restons stoïques et amusons-nous comme on le peut des futilités ordinaires des Libanais.

Chaque fois que je regarde Ziad Baroud sur la photo officielle qui réunit les membres du nouveau cabinet ministériel, un petit sourire presque attendri me vient aux lèvres.

Que fait donc ce petit jeune homme propret qui fleure bon l’USJ, et ‘’le garçon très bien’’ des années 1960, avec juste la touche nécessaire d’arrivisme pour faire de lui un lauréat plutôt qu’une crapule, au sein de cette horde de nécrophages ?

En se distançant en tapinois du ‘’Mouvement de Renouveau Démocratique’’ pour se positionner tout aussi discrètement dans le camp du ‘’wonderful’’ centurion sur le retour, Ziad a décroché le gros lot sous la forme du portefeuille ‘’souverain’’ de l’intérieur.

Hélas, mille fois hélas !
It’s too little too late.
Much too little and much too late…

Infiniment moins sympa est le cas du bébé-éprouvette miracle du Tayyar qui, fidèle a la pensée inexistante de son parti, inaugura son mandat au ministère des télécommunications par le ferme engagement (émis bien entendu sans l’ombre de la moindre étude préliminaire) de réduire immédiatement et drastiquement les tarifs aberrants que le Libanais paye sur l’utilisation de son portable.

Sanioura (le vicelard) le laissa suffisamment s’enliser dans ses promesses publiques avant de lui balancer a la figure le relevé général des revenus de l’état dont les perceptions sur le portable représentent presque les 42% de la totalité desdits revenus. (Preuve terrible du fiasco économique Libanais…mais ça, c’est une autre histoire).

_ Maintenant que tu sais tout mon grand, libre a toi de faire ce que bon te semble ; mais lorsque dû a tes ‘’réformes’’ nous ne pourrions plus régler les soldes de l’armée et des FSI, il sera de mon devoir d’en révéler les causes et de dénoncer publiquement les responsables.

Et VLAN !

* * * *

Il est une phrase de Jean-Luc Godard qui me revient constamment ces jours-ci : «Si vous n'aimez pas la mer, si vous n'aimez pas la montagne, si vous n'aimez pas la ville... allez vous faire foutre !»

Ibrahim Tyan

* Visitez : Les carnets du Beyrouthin

Wednesday, August 6, 2008

Indépendance 08



Lettres du Liban remercie de tout cœur Sixtine, Kheireddine, Frenchy et Cédric qui ont eu la délicatesse de lui exprimer leurs vœux de bonnes vacances sur le forum ainsi qu’a ceux qui l’ont fait par e-mail ; de même qu’aux lecteurs assidus de ce blog.
A eux tous, ce texte est dédié.

* * * *

Entre l’écoulement de la première phase des vacances, et dans l’attente d’entamer incessamment la seconde, quoi de plus naturel pour le vieux Beyrouthin désabusé que de reprendre l’espace de quelques heures les chemins de sa vieille ville jadis adorée, et dont les réminiscences dans sa mémoire n’en finissent plus de mourir.

L’imagination débridée aidant, l’idée de cet article inhabituel dont les illustrations forment le corps principal le frappa en plein chemin ; mais d’une part, n’ayant point l’habitude de se balader avec son Sony cyber-shot pendu autour du cou, et de l’autre étant sévèrement limité par le temps, il ne lui restait plus qu’à avoir recours aux modestes capacités photographiques de son portable qui ne répondent en aucune façon aux ambitions artistiques de l’operateur.


* EN ROUTE.




Il est de cela une bonne décennie que la municipalité du littoral du Metn érigea à l’ endroit d’un terrain vague situé place de la Sagesse, un coquet petit jardin public ; initiative que je saluais à l’époque avec joie et enthousiasme.



Quelques semaines seulement après son inauguration, le jardin fut refermé, et ses portes demeurèrent jusqu'à ce jour, plus obstinément scellées que celles de la justice Kafkaïenne.

Explication d’un ‘’responsable’’
_ C’était la seule solution pour le préserver du vandalisme !



Sur mon chemin, le Christ recrucifié sur le toit d’un établissement spécialisé dans le commerce de gris-gris, talismans, fétiches, amulettes, et autres totems et tabous…



…de même que sur la croisée des chemins entre Dora et Mar Youssef, recrucifié cette fois-ci par les bons soins de la municipalité.



Qui a donc décidé de cette tour-horloge mastoc, mélange baroque et malencontreux qui se veut ‘’renaissance Italienne’’ et qui détonne péniblement avec son environnement, sans parler de la disproportion entre sa massive laideur et l’exigüité de la place de New-Jdeidé ?



Être honoré de son vivant est une chose, et se voir rebaptisé du nom (Anglais de surplus) du huitième mois du calendrier Grégorien en est une autre.

* TERMINUS ; TOUT LE MONDE DESCEND A AÏN-EL-MRAÏSSEH.



!!! يا ماما
C’est quoi ça ???

Une laitue génétiquement modifiée, ou une cactée préhistorique pétrifiée ?

Nenni gentes Dames et gentils Messieurs ; tout juste un « mémorial » que les esthètes Libanais ont érigé à l’endroit même où le grand homme nous quitta pour un monde meilleur.



A quelques pas de la ‘’laitue’’, une stèle métallique invraisemblable…



…et Abou-Bahaa’ en personne, sur gazon.

Ne s’est-il donc point trouvé parmi tous ces Rodin du Dimanche une seule personne sensée pour leur rappeler qu’une statue perds la presque totalité de son impact dramatique lorsqu’elle elle est posée sans SOCLE, dut-elle être celle du David de Michel-Ange ?



Et qu’en réunissant dans un même plan la statue de l’homme avec une stèle insensée quatre fois plus grande, le sujet principal (Hariri) se retrouve écrasé jusqu’à l’effacement, dans une des utilisations les plus stupides de l’espace scénique que j’aie jamais vu. ?



Et qu’un carrelage d’une affreuse céramique bleue style ouatères publiques, couronné par une classique balustrade Villandry en pierre, atteint des summums de vulgarité dissonante ?



Pour couronner le tout, le sol revêtu de sordides dalles en béton imitation brique…
Il est aussi important de mentionner que parmi ses innombrables aspects ‘’artistiques et culturels’’, ce monument a aussi l’avantage d’avoir des capacités Audio : discours, chansons, musique et ‘’zajal’’ sont diffusés a longueur de journée pour accentuer l’aspect ‘’Disneyland’’ de l’affaire..

Mon pauvre Abou Bahaa’. Tu mérites mieux que ça.



En comparaison, et malgré la négligence, la végétation qui l’étouffe et la terre non revêtue sur laquelle elle repose, la sobriété majestueuse de la statue de Riyad el Solh se dresse, vestige d’une autre époque, d’autres critères et d’autres conceptions.
D’un autre Liban.



Cependant, un symbolisme terrible et certes non voulu par les auteurs, se dégage puissamment du site commémoratif d’Aïn-el-Mraïsseh :

_ La confrontation silencieuse qui continue entre l’hôtel défunt et l’homme qui n’est plus.

* EN CHEMIN DE RETOUR.



Le pèlerinage inévitable.



Le vent du Khalij.
Combien de pauvres filles de joie Libanaises sont-elles destinées à être avilies, brutalisées ou même égorgées impunément entre les murs de ces appartements de luxe ?




Une agréable surprise !
Dans les avenues derrière le centre STARCO, un petit coin de paradis, grand comme un mouchoir de poche.
Serait-ce la solution de SOLIDERE pour le problème de déboisement du Liban ?



Mais trêve de jérémiades et gémissements absurdes.
ما بقا تحرز

Alea jacta est, et le raz-de-marée divin a déjà tout englouti.

Pour les Libanais qui continuent à se remplir la panse et faire la fête, inconscients de leur destin définitivement scellé, je propose cette célèbre ritournelle légèrement modifiée pour peupler joyeusement leurs soirées de beuveries orgiaques:

Ah, ah, a la queue leu-leu
Ah, ah, a la queue leu-leu
Ah, ah, a la queue leu-leu
Tout l’monde a l’abattoir
A la queue leu-leu.

Ibrahim Tyan.

Visitez : « Les carnets du Beyrouthin ».