Wednesday, June 4, 2008

The loneliness of the long distance runner *


* De Tony Richardson ; avec Michael Redgrave et Tom Courtenay, 1962.

* * * *

Comme sur un lit de saphirs criblé de pépites, de longs et profonds frémissements sensuels parcouraient l’azur Méditerranéen sous la caresse ardente d’un Phébus au summum de sa splendeur Messidorale.

Eperdument indifférente a la grotesque mascarade humaine qui se déroulait sur ses rivages, l’immémoriale symphonie d’onde et de lumière déployait sa splendeur triomphale comme pour en faire un pendant a cette non moins séculaire vanité des hommes dont la légende veut que leur premier représentant en cette vallée de larmes soit un exilé qui perdit sa place au paradis par sottise et cupidité.

Engoncé dans mon profond isolement de libre-penseur minoritaire au sein de cette prétentieuse imposture qu’est la ‘’riche pluralité Libanaise’’ faite d’un imbroglio aberrant de patriarcales confessionnelles, sectaires ou feudataires, je ne pouvais m’empêcher de rigoler tout seul sur mon banc de pierre a l’idée de ces braves corniauds (ou sales menteurs) qui ont encore la candeur (ou le culot) de me chanter les louanges d’une ‘’démocratie’’ qui fait que les 128 parlementaires sensés représenter le peuple Libanais soient en vérité réduits au nombre de 4 ou 5 gros bras, trainant chacun dans son sillage un troupeau de ‘’députaillons’’ semblables a des gerbes de tourterelles, cailles ou perdrix pendus a la ceinture d’un braconnier.

Ou de me les casser menu a me hâbler inlassablement que ‘’beaucoup plus qu’une nation, le Liban est une mission’’, chose qui n’a jamais réellement existé que dans les divagations brumeuses du vieux gaga apostolique lors de sa visite historiquement inutile au pays du cèdre, et qui a été reprise depuis par son néo-facho de successeur qui continue également a soutenir que toute utilisation de n’importe quelle méthode de contraception au sein d’un couple est un péché mortel, et qu’il faut accepter avec humilité et remerciement toute progéniture, aussi nombreuse soit-elle, et dont le Bon Dieu veut bien bénir un foyer croyant.

C’aurait été parfait si sa sainteté avait du même coup assumé la charge matérielle de toute naissance advenue par l'effet de cette loi divine en excédent au planning familial originel ; hélas il n’en fut rien, et les fideles restèrent comme a l’habitude devant un dilemme aussi insoluble tant sur le plan métaphysique que matériel.

* * * *

_ ‘’So long as the Arabs fight tribe against tribe, so long will they be a little people, a silly people - greedy, barbarous, and cruel, as you are.’’

(T.E Lawrence s’adressant au Sharif Ali bin El Hareth lors de leur première rencontre).

Les lecteurs cinéphiles qui ont vu ‘’Lawrence of Arabia’’ l’œuvre-mammouth de David Lean qui suit assez fidèlement le livre de T.E. Lawrence, ‘’les sept piliers de la sagesse’’, se rappelleront peut-être de la scène inénarrable vers la fin du film lorsqu’après avoir libéré Damas du joug Ottoman, devançant du même coup les forces Anglaises commandées par le général Allenby, Lawrence assiste impuissant a la bagarre homérique qui éclata entre les tribus Arabes lors du partage du butin et des ‘’postes de prestige’’ dans la capitale conquise. Ainsi, la tribu des ‘’Howeitat’’ voulait être seule responsable du secteur de l’électricité, les ‘’Hareth’’ de la compagnie des eaux, ‘’Banou Wajh’’ de la compagnie du chemin de fer etc.
Tout cela finit très mal bien entendu, et les Arabes, incapables de gérer leur prise, finiront par Abandonner Damas encore plus rapidement qu’il ne leur fallut pour la conquérir, et les Anglais de s'y établir tranquillement sans coup férir.

Un coup d’œil rapide sur la scène locale et régionale actuelle démontre éloquemment que depuis l’époque de la prise de Damas par la légion Arabe du colonel Lawrence pour le compte du roi Faysal d’Arabie et du trône d’Angleterre, les critères politiques et sociaux dans cette partie du monde n’ont pas évolué d’un iota.

* * * *

Pour enterrer la hache de guerre civile, rétablir leur économie moribonde, et moderniser leurs institutions vétustes.
Pour combler le fossé qui sépare les Libanais, remédier a l’injustice sociale et entamer les reformes nécessaires pour un système qui enfin ne serait plus générateur de discorde et de corruption, le Libanais n’ont pas trouvé mieux que de remettre en vigueur la loi électorale de 1960 (modifiée, SVP.).

En d’autres termes, ils ont définitivement scellé et légalisé leur division, tant a l’horizontale qu’à la verticale.

Mais qu’a cela ne tienne car au génie Libanais rien d’impossible ; et si jamais la loi de 1960 s’avère insuffisante, le passé rengorge de trésors inestimables desquels les Libanais pourront toujours puiser l’inspiration pour leur salut.

Du droit de cuissage jusqu'au code d’Hammourabi.

Dans l’attente de ces jours heureux, la France s’emmène chez nous en fin de cette semaine pour nous gratifier de son traditionnel appui ‘’lyrique’’.

Ibrahim Tyan.

* Visitez « Les carnets du Beyrouthin

6 comments:

  1. Très beau billet, Ibrahim.
    J'approuve le droit de cuissage tant que je suis le seigneur qui en profite ;)

    ReplyDelete
  2. Hahahaha!
    Bien dit Kheir !
    Join the club :)))))))))

    ReplyDelete
  3. J'approuve Kheireddine, c'est un très beau billet !
    Lecteur régulier, ceci est mon premier commentaire, mais je tiens à vous féliciter pour vos carnets du beyrouthin qui sont réellement passionnants !!
    Une question me taraude cependant : que signifie "messidorale", je n'ai rien trouvé dans mes dictionnaires.

    ReplyDelete
  4. @ Gilles,

    MESSIDOR : (Subst. Masc). Dixième mois du calendrier républicain, (révolution Fr,) correspondant à la période comprise entre le 19 (ou 20) juin et le 19 (ou 20) juillet.

    Merci pour votre assiduité et votre aimable commentaire.

    ReplyDelete
  5. Pardonnez, mais le premier texte séparé par des astérisques est-il de vous ou de Richardson???

    Très beau texte quoiqu'il en soit.

    Et le mot de TE Lawrence au cheikh permet de mesurer la veulerie, le manque de grandeur des diplomates européens contemporains, qui font un pont d'or à Bachar Al Assad pour la fête nationale (14 juillet en France)...

    PS: Peut être la hache de guerre est-elle déjà entérrée mais sous le cèdre, ce qui empêche ses racines de pousser et atrophie son feuillage...

    ReplyDelete
  6. Hello Cedric,

    Je crains de ne pas trop avoir compris votre première question.

    Si c’est du titre du billet que vous voulez parler, c’est bien le titre du merveilleux film de Tony Richardson. L’astérisque qui marque le titre vous mène à une autre au-dessous de l’image où tout est cité : auteur, interprètes et date.

    Pour le reste, Lettres du Liban, souvent plagié, se met un point d’honneur à garder sa touche personnelle et inimitable qui se ressent dans tous ses textes du premier jusqu’au dernier ; et si jamais il reproduit un fragment de texte qui n’est pas le sien pour les besoins d’un sujet, il cite toujours ses sources et donne a chacun son dû, fut-il décédé depuis des millénaires.

    Last but not the least:le talentueux cinéaste Anglais, Tony Richardson, n’a jamais rien écrit de valable à ma connaissance, a plus forte raison en Français,

    Cheer up ;)

    ReplyDelete