Monday, March 3, 2008

Récap, et ajustement de cap.


Ce fut le clan de Béchara el Khoury, notamment les tristement célèbres ‘’Cheikh Khalil’’ et le ‘’Sultan Salim’’ (respectivement le fils aîné et son oncle), qui inaugurèrent avec une coterie d’opportunistes le cycle de la corruption dans le Liban de la postindépendance, en s’appropriant sans vergogne des institutions lucratives du pays ainsi que de ses ressources nationales, ne lâchant que des rognures à l’intention de leurs sbires personnels et laquais de service.
Même que la ‘’Première Dame’’ s’en mêla ; et sa mainmise sur une part substantielle des revenus du port de Beyrouth inspira en son temps au regretté satiriste Beyrouthin Omar Zéenni, un pamphlet célèbre qui débutait avec ces vers :
ستّ لور
نزلت عالبور
ورجعت معها أور

(De l’or).

Ce couplet rentra d’emblée dans le répertoire populaire, et notre Omar du même coup derrière les barreaux des ‘’Sablons’’ ( حبس الرمل ) où il eût tout le loisir de méditer sur le sort des humoristes et autres libre penseurs dans un régime qui ne tolérait les uns ni les autres.

* * * *

Dans une rare interview télévisée accordée par Ziad Rahbani en début des années 1990 à une Gisèle Khoury hostile et visiblement dépassée, Ziad en pleine verve exprima avec sa férocité coutumière ses vues concernant ses concitoyens Libanais, et dont voici quelques extraits d’après mémoire :

* Sur les causes de la ‘’déprime’’ des Chrétiens :

_ Parce que c’est Rafic el Hariri qui dévalise aujourd’hui les Libanais à la place du Cheikh Amine.

* Sur la meilleure solution pour renforcer l’union nationale :

_ Trouver de toute urgence un Staline Local, capable d’envoyer quelque 10.000 Libanais toutes confessions confondues au peloton d’exécution.

* Sur la société Libanaise en général :

_ Comment faire pour expliquer le sens du terme ‘’Mondialisation’’ à quelqu’un dont le petit déjeuner se compose d’un كشك مع القلقاس ?!?

* * * *

Si devant un baquet d’eau et d’une botte de foin, l’âne de Buridan s’est perdu, son malheureux frère Libanais se trouve aujourd’hui devant un dilemme autrement plus cruel.

Soit d’accepter les affres d’un régime sectaire et corrompu asservi aux intérêts Sionistes, au sein duquel Végètent quelques fantoches réduits à l’état de connétables.
Ou se rendre à l’obscurantisme d’un raz-de-marée absurde et suicidaire rattaché aux cupidités Syriennes et à l’aliénation Iranienne et générateur d’un totalitarisme pétri d’archaïsme et de violence.

Tel est le choix laissé au citoyen par les olifants des deux camps qui ne doivent leur survie qu’aux centaines de milliers de quadrupèdes toujours prêts à investir les places en soutien à leurs vues et justification de leur dialectique.

Mais surtout, que reste-il dans ce pays pour un citoyen qui n’éprouve nul désir d’adhérer à aucun des deux camps, ni à n’importe quel camp du tout ?

Ce grand silencieux porteur d’une pensée éclectique et séculaire qui vénère trop son existence et celle de l’autre pour les dilapider sur les stériles sentiers de l’ignorance et de la futilité ?

Ce lui-même, par lui-même avec lui-même au milieu de l’hétéroclisie démente et généralisée qui l’entoure….

Ibrahim Tyan.

* Visitez « Les carnets du Beyrouthin » .

7 comments:

  1. Feu Georges Naccache fut aussi emprisonné aussi aux Sablons en 1949 après avoir écrit un série d'articles dénonçant la corruption du régime de l'indépendance. Le plus célèbre de cette série d' éditoriaux demeure 'Deux négations ne font pas une nation'. Khoury fut évincé en 1951 et remplacé par pire que lui en matière de corruption, Camille Chamoun.

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  2. correction: Khouri fut évincé en 1952...je commence à oublier les dates ;-)

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  3. Salut Kheir.

    De même que pour Ghassan Tueini qui fit son premier séjour en prison en 1949 au temps du mandat de Bechara el khoury.

    En ce temps là le jeune Ghassan était un idéaliste fougueux qui n’avait pas froid aux yeux.

    Faire de la prison est une marque avilissante pour son individu ; sauf lorsqu'il y est pour ses IDÉAUX. Dans pareil cas, elle devient une sorte de légion d’honneur.

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  4. Les réflexions de Ziad Rahbani en 1987, toujours d'actualité!

    http://www.youtube.com/watch?v=WtoH29XS9Sk

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  5. Fantastique Ziad.

    Quel esprit brillant et incisif ; du génie à l’état brut.

    Merci Kheir :)

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  6. Cher Ibrahim.

    Vos deux derniers articles, quel régal !

    Je n'ose d'ailleurs imaginer la masse de commentaires réprobateurs, assaillant à l'unisson votre boite mail désormais martyre. :-)

    Je tiens dès lors à vous exprimer tout mon soutien en ces moments difficiles, et vous adresse par la même occasion un clin d'oeil complaisant à travers mon nouvel article paru depuis peu sur mon nouveau site.

    Toute mon amitié, à vous, cher compatriote.

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  7. Cher ami,

    Merci pour votre aimable note sur mon blog, la généreuse sincérité de vos sentiments ainsi que votre précieux soutien moral.

    Mais surtout, MABROUK pour votre blog qui semble renaitre de ses cendres comme le phénix, chaque fois plus fort.

    J’ai effectivement reçu un courrier assez épais dernièrement dont une bonne partie est faite de reproches mais la plupart des auteurs étant aussi des amis, le différend politique n’a point nui à l’amitié. Quelque chose de plus fort nous unit à tous : Le Liban.

    J’ai lu avec délectation votre article’’Ecrivain à l’état de débauche’’ écrit avec un talent et une sensibilité dignes de Jean Jacques Rousseau.

    Quant à ‘’porter atteinte à la pudeur et aux bonnes mœurs d’une société où l’habit a toujours fait le moine’’, aucune crainte du côté du vieux débauché iconoclaste qui n’apprécie la vérité et les huitres que toutes crues.

    En toute amitié,

    Ibrahim.

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