Wednesday, February 20, 2008

Destination : Catastrophe.



Pétrie de splendeur et de misère, la condition humaine est un tracé tourmenté qui zigzague constamment entre l’ascension et la déchéance avec au bout du graphique, la logique du déclin suivi du néant comme fatalité inexorable.

Loin d’être source d’abattement ou de désespoir, cette réalité irréfragable constitue pour l’individu éclairé une raison fondamentale pour savourer pleinement chaque instant furtif de cette merveilleuse et fugitive aubaine qu’est la vie.

نصرك هزّ الدني
شعبك ما بينحني


Accompagnées de parasites stridents sortis de mauvais haut-parleurs, les premières mesures de l’hymne triomphaliste distillée à pleins décibels explosèrent soudainement derrière moi, m’arrachant brutalement à ma bulle translucide faite de réflexions philosophiques désabusées qui voguait nonchalamment sur la surface tranquille d’une Méditerranée particulièrement resplendissante en cette glorieuse matinée ensoleillée de Janvier.

De jeunes militants aussi barbus que résolus déchargeaient d’un fourgon parqué le long du large trottoir, de rudimentaires enceintes acoustiques et des caisses blanches de collecte arborant en lettres rouges la phrase : ‘’contribuez à l’effort de la résistance’’, ainsi que des oriflammes dont le jaune canari souriant contrastait avec le tristement célèbre AK47 qui y était représenté coiffant la première lettre A du nom d’ALLAH inclus dans le logo officiel du HIZB.



Aïn-el-Mraïsseh, région traditionnellement Sunnite de Beyrouth à toujours été l’une des demeures de prédilection pour tout étranger résidant au Liban, ainsi que le domicile accueillant pour un composite merveilleux d’autochtones appartenant à toutes les sectes et religions du pays.

Pourtant aujourd’hui sur le trottoir, entre les sempiternels joueurs de trictrac d’Aïn-el-Mraïsseh, fanfarons et débonnaires et les jeunes loups émaciés venus de la banlieue Sud pour y établir leur bivouac, une tension indéfinissable faite de coups d’yeux furtifs et de regards qui s’évitent soigneusement rappelle le comportement de deux meutes de prédateurs s’observant silencieusement autour d’un territoire disputé au milieu d’une jungle.

Une attente haletante faite de sourde animosité et d’hostilité à peine camouflée semblable à celle qui règne sur tout le pays, pèse sur le fragment de paradis grand comme un mouchoir de poche face à la tranquillité infinie du bleu immémorial.

Coiffant d’une sourdine son projet de faire du Liban une république Islamique, le Hizballah fit patte de velours en 1992 et entama une grande opération de charme se faisant prier ( le grand désintéressé) pour accepter quelques représentants à la chambre des députés mais point de ministres, laissant aux Sunnites les rennes politiques mais surtout économiques du pays contre son obtention de l’exclusivité de l’effort pour la libération du Sud.



S’en suivit une période dorée où le Hizb développa considérablement son potentiel militaire et affirma son emprise sociale et culturelle sur les zones Chiites du Sud et du Centre du pays, créant ainsi un état dans l’état avec la bénédiction de l’occupant Syrien et l’œil indulgent d’un Rafic Hariri trop occupé à razzier le centre-ville pour en faire son Monte-Carlo privé. .

Quoique acclamé ouvertement comme une ‘’Victoire Divine’’, le retrait soudain des Israéliens en 2000 laissa le commandement du Hizb et les dirigeants Syriens en plein caca ; l’ennemi retiré et la terre reconquise, la branche armée du Hizb perds sa raison d’exister, et l’occupant Syrien son prétexte majeur pour maintenir ses troupes au Liban.

Rafic qui entretemps à achevé la mainmise sur le centre commercial, touristique et bordélique du pays commence à ruer discrètement (c’est un discret) dans les brancards et, to make a long story short, il est liquidé le 14 février 2005.

Loin de moi que d’accuser qui que ce soit de quoique ce soit et honni soit qui mal y pense ; mais je ne peux m’empêcher de penser à un certain Sylvester Stallone dont le parcours sinistre tracé à l’hémoglobine serpente du Vietnam jusqu’en Birmanie en passant par l’Afghanistan…

Il demeure que les deux coups les plus durs que le Hizb eut à (mal) encaisser durant sa courte mais riche histoire ne furent ni les Raisins de la Colère de Shimon Peres ni la folle guerre de 2006 d’Olmert, mais le retrait inconditionnel des troupes d’occupation Israéliennes du Liban en 2000, et celui identique des Syriens en 2005.

Curieux paradoxe quand même pour un parti dont le but déclaré à toujours été la LIBÉRATION des territoires occupés et la sauvegarde de l’indépendance et de la souveraineté du Liban !

Aujourd’hui, la survie du Hizb se trouve plus dépendante que jamais de son arsenal militaire, de l’aide Syro-Iranienne, ET DE LA NECESSITÉ PRESSANTE D’UN NOUVEAU CONFLIT LE PLUS GRAVE ET LE PLUS SANGLANT POSSIBLE afin de pallier à l’état d’isolationnisme accentué dans lequel il s’est mis au sein de son propre pays, et la masse Chiite qu’il à réussi à endoctriner ou grappiller.

L’étonnant c’est qu’il demeure des âmes candides qui persistent à croire que le chiffre d’aide astronomique (mais qui restera toujours insuffisant) accordé le long des années par le régime Iranien au Hizballah Libanais est un don BENEVOLE dénué de tout intérêt.

Avec l’assassinat récent du lugubre Hajj machin à Damas ( Hajj pour Hajj, où es-tu aujourd’hui mon cher Abou-Ragheb ?), un coin du voile est levé sur la sinistre nébuleuse aux multiples ramifications occultes qu’est en réalité le Hizballah.

Comme au temps de l’ancienne Sparte dont la faillite de la doctrine obtuse et militariste mena rapidement à la désagrégation puis au mercenariat, les Chiites Libanais se trouvent aujourd’hui de plus en plus réduits à servir des causes qui leur sont étrangères pour assurer la survie de leur Hizb.

Sont-ils conscients qu’en suivant cette voie, c’est leur propre ruine et possiblement celle du pays qu’en réalité ils préparent ?

Ibrahim Tyan.

* Visitez, « Les carnets du Beyrouthin ».

2 comments:

  1. Yeslam hal tem, Ibrahim. Prions qu'il n'y ait pas de guerre civile entre sunnites et chiites et que tout rentre dans l'ordre. Malheureusement, j'en connais certains qui misent sur l'éventualité d'un conflit entre musulmans pour envisager un repli vers la montagne des maronites et des druze. Ce que ces naîfs ne comprennent pas, c'est qu'un conflit entre les deux plus grandes communautés du Liban serait une catastophe pour tout le pays comme en 1975.

    ReplyDelete
  2. Merci Kheir,
    J’étais hors de chez moi ce week-end ; ton commentaire que j’ai trouvé en rentrant m’a fait plaisir.
    J’ai récolté pas mal d’animosité après la publication de cet article, mais entre nous je m’en fous. Je n’ai jamais écrit pour le vedettariat.
    N’en déplaise à certains, les vérités doivent être dites comme elles le sont.
    Les jours à venir promettent d’être mouvementés.
    Qui vivra verra.

    ReplyDelete