Friday, March 4, 2011

TOMORROW and TOMORROW and TOMORROW *




*William Shakespeare – Macbeth Acte5, scène5, 19-28.


Il est une ancienne parabole puisée de l’intarissable héritage traditionaliste de l’Orient, qui raconte l’histoire de deux fieffés coquins qui de surplus ennemis jurés, finirent chacun de son côté par se faire pincer, juger, et condamner à être pendu haut et court jusqu'à ce que mort s’en suive.

Or l’imprévisible hasard fit que nos deux gredins se retrouvèrent nez à nez au jour fatidique, devant la charrette qui les mènera à l’échafaud.

À l’officier en charge qui leur demanda selon les usages s’ils avaient quelque dernier souhait à exprimer, l’un des deux pendards répondit :

_ J’aimerais bien revoir une dernière fois, ma pauvre mère.

Et l’autre de s’interposer :

_ Et moi je demande qu’on l’empêche de la voir ; telle est mon ultime volonté.

Paix à ta mémoire Ernest Renan, étranger venu de l’Occident, qui réussit a mettre à nu le fond des Libanais bien mieux qu’ils n’oseraient jamais le faire eux-mêmes, et ceci en de brèves lignes prophétiques griffonnées il y a plus d’un siècle.

Et à la tienne Georges Naccache qui clama en 1949 du haut de sa tribune journalistique que « deux négations ne font pas une nation », avec pour seul retour, l’écho de sa voix dans la solitude.

Durant ma chienne de vie, j’ai eu tant de fois la triste occurrence de voir des Libanais se réjouir du malheur d’autres Libanais, ou dans le meilleur des cas de s’en foutre éperdument, qu’il m’est devenu impossible d’entendre mentionner la citation-culte de feu sa sainteté Ioannes Paulus PP II serviteur des serviteurs de Dieu, sur un Liban qui serait « un message beaucoup plus qu’un pays », sans que cela ne provoque en moi un fou-rire irrépressible.

Mille scuse Zanetto mio, car je t’avais plutôt à la bonne avec ta brave vieille bouille fripée de Bébé-Nestlé périmé ; et puis toi au moins tu semblais y croire, tout contrairement à ton SchutzStaffel de successeur, et ça c’est important. Alors de derrière ta harpe sur ton nuage blanc, tu excuserais bien un pauvre pêcheur, qui n’a pu déceler là où tu as vu un ‘’Message’’, qu’une infâme émulsion satanique faite d’éléments non miscibles, et impossible à stabiliser sans l’intervention externe d’une lourde botte cloutée capable d’écraser les nuques les plus raides.

Aujourd’hui, la terre tremble autour de nous.

Ce sont les maîtres du monde qui font le grand ménage dans leurs fiefs ; et les suzerains vassaux tombent l’un après l’autre, dans l’attente d’être remplacés en temps opportun par d’autres, moins compromettants et plus performants.

Mais le jeu est dangereux car la bête (le peuple) a goûté au sang ; et le cours imposé dans cette partie du monde par un Occident qui se considère comme seul digne héritier de Clisthène alors que les autres sont tout juste bons pour subir la loi de Cortés ou de Pizarro, peut à tout moment dérailler.

Aveuglés par leur supériorité faite de progrès technologique et de matérialisme effréné qui prime sur toute valeur humaine, les maîtres du monde risquent de se retrouver face à une lame de fond venue de l’est telle qu’ils n’en ont plus connu depuis Poitiers.

Fidèles à eux-mêmes, les Libanais, rongés jusqu'à la moelle par la bêtise, la corruption et le fanatisme aveugle restent inconscients de la transformation qui s’opère autour d’eux, leur unique souci résidant dans l’acte accusatoire à venir du tribunal International spécial pour le Liban (Mais au fait, c’était pour quel crime ? quelqu’un se souvient-il ?) et l’attente chez certains de le voir prononcé avant le 14 Ventôse, espérant que son contenu sera suffisant pour revigorer un courant moribond auquel le bétail acheté au nord et à Akkar et déversé par des bus barcodés au jour J sur la place P, ne suffit plus.

Mais derrière cette façade tragi-comique, c’est aux frontières Sud où se trouve tapi l’ennemi le plus sinistre, le plus cruel et le plus funeste qui soit, d’autant plus qu’il est blessé, face à la forêt de missiles d’Allah, que réside le péril immense.

Karbala contre Massada, avec des siècles d’histoire pour confirmer la nature suicidaire des deux antagonistes. D’autant plus que l’un d'eux, étouffé par le cordon International qui lui enserre graduellement le cou manque déjà d’air, tandis que l’autre, bien mal en point politiquement et militairement n’en conserve pas moins intactes, ses griffes nucléaires.

Alors que faire ? Comme l’écrivait déjà l’illustre barbichu.

Ben, se remettre à la clémence Divine ! Comme répondrait n’importe quel barbichu de chez nous.

Dans ce cas, un petit conseil bénévole et sans arrière pensée s’impose :

Il est hautement recommandé en s’adressant au très-haut, de l’appeler par ses noms Coraniques qui sont au nombre de quatre-vingt-dix-neuf.

Débités en rafale, même par un novice, il est fort possible que l’un d’eux fasse mouche.



Ibrahim Tyan.