Tuesday, August 16, 2011


Pour ceux qui ne le savent pas, les Samboussek sont d’exquis petits hors-d’œuvre faits avec de la simple pâte à pain sans levain travaillée à l’huile d’olive vierge extra, et que l’on étale au rouleau le plus finement possible avant de la découper en petits cercles qu’on garnit soit de bon fromage frais de brebis mélangé à de la ciboulette et aux fines herbes, soit avec du hachis d’agneau qu’on a fait revenir au préalable dans du beurre, avec des épices, des échalotes et des pignons ; lesdits cercles étant ensuite refermés en demi-lune, scellés en torsade et brièvement dorés à la friteuse avant d’être égouttés et servis chauds.

Un pur bonheur.

Et puisque l’on sait depuis Confucius qu’une image vaut mille mots, la petite photo se détachant au bas du coin droit de l’illustration principale qui accompagne ce billet, représente assez fidèlement ces fameux Samboussek torsadés qui font partie intégrante des innombrables délices du Mezzé Libanais.  

Aujourd’hui, peu de gens avertis songeraient à contester sa valeur culturelle à l’art culinaire ; l’un des exemples les plus frappants étant la cuisine Japonaise qui par sa préciosité, son raffinement et son élégance dépouillée rappelant les arrangements Ikebana, semble aspirer à vous servir l’essentiel de la philosophie Zen dans un plat. En tenant toutefois à préciser que l’admiration pour l’esthétique recherchée de cette cuisine est bien une chose, et la consommation effective d’une tranche de poisson cru entourée d’une couche de riz froid et gluant empestant le vinaigre et la sauce soya, le tout cerclé d’un feuillet d’algues marines séchées, en est une autre…

Sacrés tordus que ces Nippons ; mais quels tordus sublimes quand-même !

Une des premières découvertes qui laissa pantois les bédouins enrichis qui déferlèrent sur le Liban dès les années 50’ du siècle dernier, fut la révélation de la prodigieuse richesse de l’éventail gastronomique de la race humaine qui s’étendait infiniment au-delà du riz au gras de mouton, du lait de chamelle et des dates séchées.

Ainsi donc, ces preux du désert qui firent connaissance avec les merveilles de la table Méditerranéenne en furent tellement subjugués qu’ils demandèrent (que dis-je moi : qu’ils commandèrent) à leurs Harîms embobelinées de noir et masquées à la Zorro de reconstituer chez elles le Samboussek Libanais ; tâche d’une trompeuse simplicité qui s’avéra beaucoup trop subtile pour les petits doigts boudinés habitués à allaiter indéfiniment chamelles et chameaux ; alors bobonne eut recours au savoir-faire de sa Nafissatou asiatique qui ne put faire que ce qu’elle pouvait ; en l’occurrence, une sorte de spring roll triangulaire confectionné à partir de feuillets de pâte filo surgelée, et fourré d’Allah sait quoi ; bref d’un ersatz qui n’avait plus du Samboussek original que le nom ; ce qui ne l’empêcha pas d’obtenir un franc succès, du Golfe à l’Océan.(voir l’illustration principale ci-haut).

Or, et d’après un canard local, les autorités Somaliennes (!?!) auraient récemment décrété une loi interdisant sur l’ensemble de leur territoire cette version bédouine du Samboussek, pour cause de sa forme triangulaire rappelant le symbole utilisé par l’église chrétienne pour représenter les trois hypostases de la trinité divine.

Concernant le même sujet et selon d’autres sources, nombre de haut magistères islamiques seraient actuellement penchés sur la question afin de trancher de la nécessité d’instituer à partir de l’exemple Somalien une Fatwa généralisée ou non.

Mais pourquoi donc cette nouvelle n’a fait que me ramener à la petite ville côtière de Jounieh et ses chrétiens d’autochtones qui protestèrent violement contre leurs autorités municipales pour avoir ‘’planté trop de palmiers’’ aux confins de leur cher patelin ; ces gracieux arécacées étant considérés par ces descendants de pêcheurs de rouget, comme des ‘’symboles islamiques’’.

Au fait ; où sont-ils donc passés ces magnifiques palmiers centenaires de ma capitale d’antan ? 

La seule parcelle rescapée de mon passé s’étendait devant moi en une ligne d’horizon d’un bleu infini alors que sur mon banc de pierre, mon esprit vagabondait nonchalamment entre Samboussek, palmiers, triangles et autres batifolages absurdes, fruits de la vanité des hommes qui ne cessent de se forger de nouvelles terminologies pour indiquer toujours les mêmes évidences vieilles comme le monde.

Désormais, les forces de l’intolérance, du fanatisme, de l’intégrisme et du fascisme longtemps dissimulés sous d’autres noms, sortent aujourd’hui de l’ombre pour recueillir comme des fruits mûrs, tant les mystifiés du Marxisme trafiqué d’antan, que les laissés-pour-compte d’un capitalisme asphyxié qui récolte en ce moment ce qu’il a longtemps semé.

_ Cela s’est déjà vu, et il n’y a rien de nouveau sous le soleil.

C’est à peu prés en ces termes que parla ‘’Qohelet’’, alias Salomon fils de David qui en bon juif avisé, composa son hérétique « Ecclésiaste » sous un faux nom, possiblement dans l’espoir de tromper ainsi la vigilance de son jaloux de dieu.

Pour une fois, je ne suis pas trop mecontent de me retrouver en ces temps-là dans cette partie du monde qui s’agite, fusionne, explose et se métamorphose POUR RIEN !

Où donc ailleurs aurais-je pu accéder au privilège d’assister à partir du premier rang, à ces immenses soulèvements historiques téléguidés, et ces révolutions sans tête mais à queues multiples ?

Mais comme rien n’est parfait en ce monde, la quiétude du poste d’observation idéal qu’offre le Liban est gâchée par deux menaces mortelles que les Libanais ont emmenées sur eux de leurs propres mains :

_ Le tic-tac inexorable du tribunal international spécial pour le Liban.

_ La stupidité sans bornes des deux factions Libanaises principales et antagonistes dont l’une persiste contre toute logique à appuyer inconditionnellement les atrocités sanglantes de la dictature Syrienne ; et l’autre qui s’est totalement et aveuglement compromise, tant physiquement que moralement du côté des insurgés.

Bof ; qui vivra verra.

Pour le moment, mon problème majeur consiste à trouver en l’absence de tout moyen de transport public, la meilleure façon possible pour rentrer chez moi sans trop de casse.

Et puisqu’une image vaut mille mots, la photo qui clôt ce billet ne représente qu’une infime partie de la jungle routière qui m’attend.

Même le futé Shlomoh de Yerushaláyim s’y perdrait.
























Ibrahim Tyan.

2 comments:

  1. This comment has been removed by a blog administrator.

    ReplyDelete
  2. Votre lien ne marche pas Ya Oustaz !

    Ma troisième tentative m’a été retournée avec avis de non réception ce matin-même.

    ReplyDelete