Friday, September 26, 2008

Les tremblements annonciateurs.


Ce billet qui n’a aucune prétention d’analyse économique, ou sociopolitique a pour modeste ambition de refléter le regard du simple citoyen issu de la généalogie de cette ‘’majorité silencieuse’’ traditionnellement ignorée, et éternellement ‘’séduite et abandonnée’’, devant les bouleversements extraordinaires qui se succèdent a une cadence vertigineuse sur la scène mondiale d’aujourd’hui.

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/…D’ici jusqu’à l’extinction (inéluctable) du cycle Américain, le temps du libre arbitre des peuples est révolu sur cette planète.

…/…Telle l’ancienne Rome, le mal de l’Amérique naîtra de l’intérieur.


Lettres du Liban.
Coïtus Interruptus. le 9 – 2 – 2008.

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Quoique prédit depuis de nombreuses années par maints experts Américains et Internationaux, l’effondrement de remparts importants dans la citadelle économique Américaine surprit le monde entier par sa précipitation, son amplitude et l’étendue du désastre qui menace d’en résulter.

Qui aurait pu imaginer par exemple, le vacillement dramatique et la perte de crédibilité de symboles iconiques tels la ‘’Merrill-Lynch Financial Management & Advisory’’, qui risquent aujourd’hui de disparaitre a jamais des indices de la bourse mondiale alors qu’ils constituaient jusqu’hier encore, le Sanctum Sanctorum du temple de la finance Occidentale ?

Ne désirant point entamer par le présent, un exposé a la portée de n’importe quel estudiantin en première année d’économie, il serait cependant propice de mentionner rapidement que depuis la création du Bank note qui est l’expression primaire de la monnaie scripturale rendue nécessaire par l’expansion et le développement de l’échange international auquel le simple troc ou la monnaie virtuelle (or, argent ou autres métaux) ne pouvait plus suffire, la marge de fraude et d’escroquerie s’en trouva considérablement accrue, jusqu'à l’atteinte de nos jours a des proportions qui menacent désormais l’avenir et la qualité de vie du genre humain.

Depuis la première apparition des ‘’junk bonds’’ au cours du siècle dernier sur les cadrans de la salle d’échange a Wall Street, la marge était rompue entre le concret et le fictif, l’inexistant et l’effectif, la vérité et le mensonge. Et puisqu’on ne prête qu’aux riches, il devint de plus en plus impossible de déterminer le facteur de puissance économique réel d’une Amérique reconnue sur parole par le reste du monde comme étant la nation la plus riche, la plus forte et surtout la plus fiable.

Son activité primaire consistant à vendre sa camelote avec le plus grand profit possible au plus bête ou moins informé, personne n’a jamais cherché à prouver que le marché boursier (une nécessité absolue des temps modernes) était un terrain de jeux pour enfants de chœur. Il demeure cependant que le fait qu’un particulier puisse s’y faire un net profit de deux ou trois millions de Dollars en l’espace d’une demi-heure de spéculation subreptice relève de l’immoralité dangereuse sinon de l’indécence la plus pure.

Rien qu’au cours de cette année, l’Arabie Saoudite a elle seule s’est faite arnaquer de plus d’un Billion de dollars partis en fumée dans des ‘’spéculations hasardeuses’’ a Wall Street, ‘’conseillée’’ en cela par ses ‘’protecteurs’’, eux-mêmes en grand besoin de moyens leur permettant de maintenir en état de fonctionnement maximal, leurs nombreuses cités nucléaires flottantes qui sillonnent les sept mers du globe, transportant a leur bord, trois a cinq mille hommes chacune, et cent-cinquante a deux cents-cinquante avions de combat ultramodernes, dont le coût de maintien en état d’alerte maximale 24h sur 24 durant 365 jours l’an requiert un budget faramineux doublé d’une logistique sans précédent ; et ce n’est là qu’un seul rouage du mécanisme titanesque qui constitue la machine Américaine pour la domination planétaire.

Mais vint le jour où Les escrocs, a force de se dévaliser les uns les autres, devinrent eux-mêmes victimes de leur propre escroquerie en accumulant de la monnaie de singe, et en créant progressivement une résistance chez tous ceux qui commencèrent à comprendre vers quoi on les menait.

Aujourd’hui l’Amérique reçoit de plein fouet le choc de retour de décennies d’une politique économique de prestidigitation et d’arnaque, de titres imaginaires et d’avoirs inexistants ; quant a l’aide de $. 750 Milliards que l’état hésite encore (a juste titre) a injecter sur le marché, elle ne servira qu’a renflouer les spéculateurs a court terme, ne laissant rien pour les investisseurs a long terme ; s’ajoute a cela que dorénavant, chaque cent dépensé doit l’être a bon escient, le pays ne pouvant plus se permettre de risquer ses dernières forces vives dans des manœuvres a l’issue problématique.

Aux facteurs annonciateurs de la troisième guerre mondiale se profilant déjà a l’horizon tels la pénurie en énergie, l’insuffisance des produits alimentaires, le réveil du fanatisme et des différends religieux, ainsi que les foyers et zones de tension innombrables parsemant le monde et qui risquent a chaque moment de communiquer en un gigantesque brasier, vient s’ajouter aujourd’hui l’effondrement du système financier capitaliste.

Déjà le gouvernement Américain parle de la nationalisation désormais inévitable pour le sauvetage de certaines compagnies, solution considérée jusqu’alors comme sacrilège au pays de la privatisation.

Mais il faut attendre encore quelque temps avant l’arrivée du cataclysme véritable lorsque nous assisterons à la formidable déroute des fonds de pension de la planète, mettant en péril tout le système des retraites par capitalisation.

Etrangement, les observateurs et experts avouent leur totale incompréhension devant ce qui se passe, sauf leur conscience d’une crise d’une nature inconnue et d’une ampleur sans précédent qui menace de ravager la planète ; mais cela, l’homme de la rue l’avait déjà ressenti sans avoir recours a leur expertise.

Paradoxalement, ce sont les pays-voyous de ‘’l’axe du mal’’, en l’occurrence la Syrie, l’Iran, la Corée du Nord, et le Venezuela de notre ‘’frère’’ Iranien-Catholique Chavez, qui seront parmi les moins touchés (du moins dans les premières phases) par le cataclysme qui arrive, vu la léthargie de leur économie fermée et la quasi absence de leurs investissements extérieurs ; ce qui n’est pas le cas d’une Chine dont les placements sur le sol US seulement, remontent a la bagatelle de trois billions de dollars.

Quant a notre petit Lebnan chéri dont les responsables continuent a ignorer royalement (et traditionnellement) le drame qui se joue sur la scène mondiale, je n’ai vu ni entendu jusqu'à ce jour aucun d’eux s’inquiéter du fait que notre monnaie nationale ait été rattachée a l’étalon-Dollar depuis la venue et par les bons soins du Grand Homme qui roupille place du Saint-Sépulcre a l’abri de la mosquée de ses rêve, après avoir été trompeusement dévaluée, dans le simple but de faciliter a une horde de prédateurs Libanais et ‘’étrangers’’ la besogne de faire main-basse sur la ville.

Dieu ait son âme pure et dédaigneuse des biens de ce monde.

Entretemps, quelqu’un a-t-il un plan pour le cas où l’immense navire coulerait alors que notre frêle esquif national lui est rendu attaché et indissolublement dépendant ?

Malotru que je suis de jouer les trouble-fête au temps des réconciliations bidon, et ‘’Iftars’’ crétinssimes.

Alors en signe de bonne volonté et de pragmatisme a toute épreuve, en toute franchise je vous le dis : Je me considérerais pleinement heureux et satisfait si tous ces ‘’rapprochements’’ aboutiraient a un seul et unique résultat consistant en la cessation définitive du matraquage médiatique bêtifiant, du lamento qui ânonne jour et nuit :

جرح بيروت
وكرامة بيروت
وحزن بيروت
وقلب بيروت




Ibrahim Tyan.

* Visitez : « Les carnets du Beyrouthin »

6 comments:

  1. Je partage ce long lamento de mon meilleur ami et je l'invite à chanter avec moi:

    We'll meet again
    We'll meet again,
    Don't know where,
    Don't know when
    But I know we'll meet again some sunny day
    Keep smiling through,
    Just like you always do
    Till the blue skies drive the dark clouds far away

    So will you please say 'Hello'
    To the folks that I know
    Tell them I won't be long
    They'll be happy to know
    That as you saw me go
    I was singing this song

    In remembrance of Stanley Kubrick and Vera Lynn while we will be waiting for the big blow !

    Bechir

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  2. Cher Béchir

    Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, j’avais secrètement espéré en une réaction improbatrice de ta part après la publication de cet article ; quelque chose comme :’’…tu exagères quand même Ibrahim, les choses ne sont pas aussi noires que cela…’’.

    Etant parmi l’infinitésimale et rarissime minorité dont je considère et respecte l’opinion, le plaisir toujours renouvelé de te lire a été teinté d’accablement par le symbolisme sans équivoque de ta réponse de ce soir.

    Ô mes chimères les plus noires, vous n’étiez que réalité.
    Sophocle, (Œdipe Roi).

    Il ne se passe pas un jour sans que je ne me remémore l’enfer atomique qui s’épanouit en de monstrueux champignons blancs dans la scène finale de Dr. Strangelove, et le ralenti et le silence hallucinants avec lesquels Kubrick traita cette scène, de quoi conférer une majesté démoniaque a ces nuages de la mort, jusqu'à ce que viennent les premières mesures de ‘’we’ll meet again’’ pour achever de conférer a cette scène d’apocalypse une déchirante impression d’irréparable.

    Glaçant !

    Ibrahim.

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  3. Cher Ibrahim, j'ai vu mes économies fondre comme une peau de chagrin à cause de la crise...Ça me rapelle un peu 1985-86, quand la livre libanaise s'était effondrée.

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  4. @ Kheireddine.

    Je suis sincèrement navré d’apprendre cela mon cher ami.

    Aurais-tu investi d’importantes sommes dans des actions boursières ?

    En temps normaux, ce genre de placement constitue au sein d’une économie capitaliste, l’investissement dynamique par excellence de par son plus-value à moyen ou long terme.

    Mais lorsque le système débridé se métamorphose en capitalisme sauvage, il devient un Saturne qui dévore ses fils.

    Et quoique les mots ne guérissent pas les maux, je suis sûr qu’un homme averti comme toi trouvera les moyens pour limiter les dégâts et repartir de bon pied, le capital véritable ne résidant finalement point dans l’argent, puisque tout l’or du monde reste incapable de racheter la perte d’un petit doigt.

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  5. En effet, Ibrahim, la santé est de loin le capital le plus important. Concernant les marchés boursiers, je pense qu'il y a un mouvement de panique injustifié et qu'on va bientôt atteindre le fond du baril. Mais il faut vraiment avoir des nerfs d'acier et penser à long terme. Mon erreur est d'avoir trop misé sur les ressources; mais à vrai dire, presque rien n'a été éparnié par ce carnage boursier, et comme on le dit si bien en arabe:
    بعد كل طلعه نزله وبعد كل نزلة طلعه

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  6. @ Kheireddine.

    That’s the spirit my dear friend; as long as there is life, there is hope.
    Just keep on punching and never bring your hands down.

    Ceci dit, je pense que la crise n’a pas encore atteint son plafond.

    Comme déjà souligné dans l’article, la somme de $ : 700 Milliards injectée sur le marché Américain a fondu rapidement sans rapporter exactement l’effet escompté. Dorénavant on parle du besoin urgent d’une réinjection supplémentaire de l’ordre de $ : 2 Billions ; (j’en connais quelques pays Arabes pétroliers qui vont encore se faire arnaquer de quelques Rials) :)))))))

    Comme en état de guerre, la media Occidentale s’autocensure partiellement pour ne pas aggraver la panique générale devant l’ampleur du désastre.

    A mon humble avis, c’est après le franchissement du cap violent de la crise (les chances sont actuellement de l’ordre de 50/50), que les véritables séquelles catastrophiques apparaitront au grand jour.

    De longues années de vaches maigres se profilent déjà devant un système qui a perdu la confiance de l’investisseur.

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