Tuesday, April 10, 2007
Passation de pouvoirs.
Cet article à été publié pour la première fois sur « Lettres du Liban » le Samedi 31 Mars 2007.
I.T.
L’élément le plus marquant pour l’observateur de ce dernier sommet Arabe à Riyad, est la consécration de l’Arabie Saoudite comme seul et unique meneur politique au Moyen Orient.
A peine les portes du palais des congrès franchis, les chefs des délégations Arabes et étrangères furent littéralement sidérés par l’opulence et le luxe inouï étalés devant leurs yeux émerveillés. Du marbre pur d’Italie aux installations sanitaires des salles de bain en or massif ; des immenses et innombrables lustres en cristal éclairant halls et couloirs jusqu’à la salle principale aux proportions inimaginables ; des plateaux et couverts également en or et frappés des armes du Royaume, jusqu’à l’Armada de milliers de véhicules flambants neufs mis à la disposition des invités que des délégués officiels du ministère de l’information Saoudienne escortaient cérémonieusement jusqu’à la salle des congrès.
Les centaines de journalistes et correspondants venus des quatre coins du globe pour couvrir l’évènement furent littéralement stupéfaits devant le luxe du centre de presse mis à leur disposition ; des gardes en tenue blanche avec des épées dorées étaient postés aux quatre coins de chaque salle de réunions.
Cette démonstration de force Saoudienne est le point culminant d’un procédé récemment entamé par les USA, dont la ligne politique d’appui inconditionnel pour Israël ainsi que les démarches brutales en vue d’imposer de force « la démocratie » dans la région à partir de la désastreuse expérience Irakienne, n’ont finalement abouti qu’à l’affaiblissement de leur rôle de médiateurs dans un monde Arabe rendu désormais exacerbé et méfiant à leur égard.
Voila pourquoi les USA décidèrent de se faire plus discrets, en chargeant le Saoudiens du rôle de médiateurs entre la volonté Américaine et les états Arabes.
Le sommet de Riyad consacra définitivement l’Arabie Saoudite comme une superpuissance régionale acceptée de tous et seule intitulée à traiter du dossier épineux du processus de la paix au proche Orient.
Comme résultats immédiats de ce nouvel état de choses, le Président Syrien exprima sa requête de voir son pays inclus dans le processus Saoudien pour la paix dans la région, le président Libanais remit entre les mains du Roi Abdallah toutes les données en sa possession pour aider le Liban à sortir de son état d’instabilité actuelle, tandis que le président Soudanais se remettait au roi Saoudien pour l’assister à trouver une solution pour la tragédie du Darfour.
En outre, les dirigeants Saoudiens entamèrent des discussions sérieuses avec le ministre des affaires étrangères Iranien, Manouchahr Mouttaki, arrivé à Riyad en dernière minute, en vue de trouver une issue acceptable concernant le programme nucléaire Iranien.
Seuls les représentants Egyptiens arboraient à ce sommet des faces blêmes. Leur humiliation et leur déception de se voir délogés de leur position de ‘’leaders’’ traditionnels du monde Arabe au profit des Saoudiens était claire et visible. Les temps ont changé ! Désormais, les décisions importantes concernant le Moyen Orient et l’Afrique se prendront à la cour du Roi Abdallah ben Abdelaziz
Pour ses premières résolutions , la nouvelle autorité Saoudienne ne trouva pas mieux que de déterrer de la naphtaline le même plan de paix déjà annoncé lors du sommet Arabe tenu à Beyrouth en 2002 et connu depuis sous le nom de ‘’l’initiative Saoudienne’’.
Cette initiative consiste notamment à la reconnaissance de l’état d’Israël et à la cessation de l’état de belligérance entre les pays Arabes et l’état Hébreu , contre la restitution par ce dernier d’infimes territoires Syriens et Libanais encore occupés et l’institution d’un état Palestinien avec droit de retour aux refugiés.
A l’époque, Ariel Sharon ne daigna même pas commenter sur cette requête et y répondit presque au même jour, par la réoccupation militaire de la Cisjordanie et de Gaza.
Aujourd’hui, la réponse du gouvernement d’Olmert fusa, cinglante, après quelques heures seulement de la publication des résolutions du sommet Arabe de 2007 : Le retour des refugiés Palestiniens sur leur terre d’origine était pour Israël une issue non envisageable et absolument hors de question.
Aux journalistes qui lui demandaient sur les mesures que l’Arabie Saoudite pourrait prendre envers Israël au cas où ce dernier refuserait de donner suite à son initiative, le ministre Saoudien des affaires étrangères, Saoud el Faissal répondit avec un fatalisme candide : Dans ce cas, nous n’aurons plus qu’à nous remettre au destin !
Encore un sage !!!
Quant aux problèmes pressants concernant le siège inhumain exercé par les autorités Israéliennes avec l'appui des puissances Occidentales sur les lambeaux de l’état Palestinien en famine ou bien de la tragédie sanglante et quotidienne du Darfour, les résolutions du sommet de Riyad se limitèrent en de doctes conseils et espérances pieuses.
Mais c’est surtout concernant le Liban que sa majesté Abdallah brilla par son éloquence en déclarant dans son discours final qu’il craignait beaucoup pour ce cher pays, du monstre de la discorde qui commence déjà à y montrer les dents.
Nous aussi majesté, figurez-vous !!
Et puisqu’il est question de dents, c’est les Saoudiens qui risquent fort de se casser les leurs dans ce Liban étonnamment coriace. Surtout depuis que les Américains on décidé d’adopter un profil bas dans cette affaire et de confier aux Saoudiens le soin d’exécuter l’odieux plan à leur place.
Celui qui à vu à la télévision le facies congestionné de Fouad Siniora durant la conférence de presse tenue l’occasion de la visite de Ban Ki-Moon ( Encore un coco à la solde des Américains auquel il faut s’habituer ), ses gestes désordonnés et son discours erratique ( A deux reprises, il s’est adressé à Ki-Moon en l’appelant Mr. Anan ), ses trous de mémoire et l’absence de sa verve habituelle, déduirait que notre petit Machiavel national n’est plus du tout rassuré sur la tournure que pourraient prendre les évènements à venir.
Même chose pour les déclarations énervées et les allers - retours frénétiques et apparemment injustifiés qu’accomplit Samir Geagea ces jours-ci entre ses acolytes du 14 Mars et Bkerké.
Il demeure que j’attends avec curiosité la réaction de Walid Bey qui se fait attendre, mais que je vous parie oscillera invariablement entre deux pôles : le meilleur et le pire (Le pire pour la nation, et le meilleur pour lui-même).
En assumant (bon gré, mal gré) leur nouvelle fonction de meneurs de jeux au Moyen-Orient pour le compte de leurs tuteurs Américains, les Saoudiens vont au-devant d’un diabolique casse-tête aussi antique que chronique.
Rien qu’au Liban, les Wahhabites auront tôt fait de réaliser dans quel vicieux guêpier ils sont allés se fourrer, ainsi que par le manque total d’éthiques et de scrupules qui caractérise le peuple Libanais, tant parmi les rangs de leurs détracteurs, que parmi ceux qu’ils considèrent aujourd'hui comme étant leurs alliés les plus sûrs au pays du cèdre.
Ibrahim Tyan.
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Bon retour sur la blogosphère, j ai bien eu peur de voir votre blog disparaitre ...
ReplyDelete:)
Merci :):)
ReplyDeletePas de crainte de ce côté là, juste un petit dépoussièrage que je remettais chaque fois à plus tard.
MABROUK à cette nouvelle version... ;=)
ReplyDeleteAmitiés,
Sixt'
Hi Sixt'
ReplyDeleteC'est juste une version 'éxpurgée' de l'ancienne... ;=)
Merci pour ton amitié,
Ibrahim.