Friday, December 24, 2010
L'an prochain à Beyrouth.
A tous les amis et lecteurs de ce modeste blog, surtout ceux qui ont eu dernièrement l’amabilité de m’écrire sur le forum ou via email, je dédie ce petit billet en leur souhaitant bonne fête et une nouvelle année qui verrait la réalisation de leurs vœux les plus chers.
Ibrahim.
* * * *
On retrouve toujours l’équité, la probité, la sagesse et la tolérance parmi les attributs dont la race humaine s’en glorifie sans l’ombre d’une preuve ou d’une justification.
Et même si de telles valeurs existeraient, qu’attendre d’un grain de sucre dans un lac de fiel ?
Un homéopathe s’y perdrait.
Mais il en fut toujours ainsi, et le demeurera jusqu'à la fin des temps ; une fin dont les signes avant-coureurs se multiplient, exaltés par l’indifférence inconsciente de l’Homo Sapiens dont le formidable progrès technologique n’a finalement mené qu’à la compromission de l’avenir de sa propre planète, au moment même où la possibilité d’en faire un nouveau paradis lui était devenu théoriquement réalisable.
Sans pour autant négliger la question certes éculée (mais ô combien angoissante) du stockage mondial insensé d’armes de destruction massive capables de provoquer plusieurs fois l’Armageddon à l’échelle planétaire alors qu’il n’en faut pas plus qu’un seul, pour libérer de ses chaînes le quatrième cavalier de l’Apocalypse.
Sous de tels auspices, il n’est pas étonnant que nombre de théoriciens contemporains croient que la perpétuité de l’espèce humaine est une perspective hautement problématique.
Faisant (en principe) partie de ce monde, le Liban ne pouvait se défendre (ou le pouvait-il ?) d’être emporté comme un fétu de paille par le courant universel.
Mais en comparaison avec la terrible dépression internationale, fruit de l’insensibilité vorace et de l’inconscience tragique des Léviathans mondiaux, notre petite crise nationale avec ses meurtrières joutes verbales sans conséquences ni lendemain, nous réjouit par sa facture à la fois candide et pornographique, qui oscille entre l’obscène et l’absurde sans pour autant se désister du risible et du burlesque.
Dans une rivalité qui se rapporte à l’hooliganisme plutôt qu’à la politique ou la religion, le cœur des Musulmans Libanais balance entre le turban noir du faquih nucléaire et le kéfié blanc du serviteur des deux saintes Mosquées dont l’une repose sous le protectorat yankee tandis que l’autre languit en territoire Shalom annexé pour l’éternité.
Et dire qu’il se trouve encore des ignares pour taxer d’intolérance l’Islam !
Au milieu de ce joyeux tableau fantasque, la note lugubre vient de chez les Chrétiens Libanais qui vivent leurs derniers jours au milieu de l’indifférence universelle.
Alors que les efforts combinés d’un Metternich, d’un Talleyrand et d’un Richelieu auraient étés à peine suffisants pour leur éviter de justesse le sort qui leur est réservé, ces Chrétins se sont choisis un Tartarin, un Iscariote et un Caïphe pour les mener par le bout du nez sur les chemins de nulle part ; et ce n’est là que justice, car on ne récolte que ce que l’on sème. Ainsi parlait le fils de charpentier venu de Nazareth dont ils célèbrent ces jours-ci l’anniversaire.
Les mots « L’an prochain à Yerushalàyim » qui viennent clôturer le cérémonial annuel de la Pessah’ et dont les juifs de la diaspora en firent durant de longs siècles un signe de ralliement, risquent d’être plagiés par les Chrétins du Liban dans un avenir qui ne saurait plus tarder.
Sous la méchante bruine glacée de l’Occident ou le soleil vénéneux de l’Amazonie, je les vois déjà attablés devant un Mezzé plantureux, se remémorant les souvenirs du pays.
Le méchoui, le taboulé et la puissante liqueur anisée aidant, l’exaltation atteindrait son paroxysme lorsque les mains se joindront pour un Dabké endiablé au cri de : « L’an prochain à Beyrouth. »
Mais contrairement à leurs cousins Hébraïques, je crains fort que leur serment lyrique ne s’évapore illico en rots puissants et pets sonores.
Point de pitié ni de complaisance envers ces pauvres hères (pour ce dernier mot, prière d’utiliser la phonétique du Français pour en extraire le sens en Arabe) ; leur détresse morale n’égalera jamais le calvaire de ce marginal, cet inadapté, ce vagabond mental exilé dans son propre pays.
Ibrahim Tyan.
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Moi qui avais le moral en berne après avoir arpenté les ruelles sévillanes chargées de représentations religieuses où la crucifixion règne en maître, après avoir lu ce billet, reste plus qu'à me jeter dans le Guadalquivir !
ReplyDeleteMeilleurs voeux
Surtout pas chère Chris…la bigote Andalousie ne le mérite guère ; à plus forte raison, Beyrouth la fallacieuse ;-)
ReplyDeleteÀ propos ; saviez-vous que le nom de « Guadalquivir » n’est qu’une déformation du terme Arabe de : « Jadwal-al-Kabîr » qui signifie littéralement : Le grand torrent ?
Cordialement.
Rhoooooooooooooo, la cordouane que je suis réfute avec la dernière énergie le terme de "bigote".
ReplyDeleteMon andalousie à moi, c'est la musique, le feu et la glace et cet héritage inestimable que nous ont laissé les Omeyades...
A tous, tous mes voeux de bonheur pour cette nouvelle année. Que 2011apporte tout ce que 2010 a oublié.
Amitiés,
Sixtine
Oops, Caramba et saperlipopette ; quelle navrante bévue !!! :(
ReplyDeleteJe te savais de souche Ibérique mais point originaire de l’Andalousie (berceau de poésie et d’amour…) et plus précisément de la prestigieuse province de Córdoba à qui l’humanité doit une pléiade d’hommes de valeur et de trempe exceptionnelles ; d’Averroès à Manolete.
Mil disculpas chère Sixt’.
Besos. :))))))
Tu as oublié Soupalonion y Crouton ! rireeeee
ReplyDeleteMais merci pour ton post, juste le jour de mon anniversaire....
Amitiés,
Sixt'
Hahahahahahaha !
ReplyDeleteFallait pas aussi oublier le truculent Don Persilos Y Vigoramba du très regretté Willy Wandersteen ; mais tu n’étais probablement pas encore née…
What a nice coincidence for Ur anniversary ; many happy returns dear Sixt’