* Alla memoria di Federico; più grande fra i grandi.
l’endroit n’avait guère changé d’aspect, si ce n’était l’imperceptible patine laissée par le temps sur les lambris de bois, de marbre, de stuc et de cristal, leur conférant ce lustre particulier aux belles vieilleries bien entretenues qui rappellent les années insouciantes de l’ancien Beyrouth, évaporées depuis longtemps dans les couloirs insondables de l’inextinguible néant.
Attablé en compagnie de mon vieil ami Béchir a la terrasse vitrée de l’élégant bar/club Anglais situé au roof du havre feutré et quintuplement étoilé qui fleurait bon le charme délicieusement trouble d’une bourgeoisie libanaise d’avant les temps du pétrodollar, je contemplais le panorama incomparable de cette Méditerranée vue d’en haut, ( privilège désormais réservé aux Libanais riches et aux ouvriers Syriens sur les chantiers de Solidere-sur-mer), et qui étendait a perte de vue sa vibrante enclume bleue sous le marteau implacable du soleil de Juin.
La présence de l’ami Béchir à Beyrouth est une aubaine et une occasion pour calibrer et peaufiner ce qui s’était transformé avec le temps en une sorte de dialogue-fleuve Homérique sur internet, tenu avec la rigueur de la véridicité et le tranchant d’un intellectualisme aussi éclectique que tridistillé.
Ainsi donc, morts et vivants, de Milan Kundera a Orson Wells et d’Ismail Kadare a Terry Gilliam en passant par Robert Musil, John Ford, Marguerite Duras, Wolfgang Amadeus Mozart, Stanley Kubrick et Omar Khayyâm, une pléiade des fleurons de la civilisation universelle défila a notre table sur les veloutes bleues des cigarettes, le bouquet revigorant de la bière glacée, et les amitiés devant lesquelles le temps impuissant, rentre ses serres et fait patte de velours
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Puerto Rico you ugly island
Island of tropic diseases
always the hurricanes blowing
Always the population growing
and the money owing
and the babies crying
And the bullets flying…
_ (Extrait du numéro : ‘’America’’ dans la pièce musicale de Broadway : ‘’West Side Story’’ (1957), paroles de Stephen Sondheim).
Si l’on remplace dans le texte ci-haut mentionné, les deux calamités naturelles que sont les cyclones et les maladies tropicales par deux de nos malheurs locaux et acquis qui sont les différends religieux et la corruption rampante, on obtiendrait une description assez fidele de ce nouvel enfer bananier Méditerranéen appelé Loubnan.
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De retour une fois de plus a ‘’Lawrence of Arabia’’ l’épopée cinématographique de David Lean, il est une scène où ‘’Auda Abu Tayi’’, bandit de grands chemins de son état et ex-mercenaire a la solde des Turcs, (jusqu’au jour où il découvrit que le Golden Sovereign Britannique valait bien plus sur le marché que la livre-or ‘’Osmalli’’), vint donc retrouver Lawrence vers la fin de leur campagne victorieuse contre l’occupant Ottoman.
_ Orenz, grogna-t-il, bientôt les combats cesseront et tout le monde rentrera chez soi.
_ Tu dois être bien content Auda de voir ton pays enfin Libéré...
_ Je m’en fous de cela Orenz ; la seule chose qui m’inquiète c’est de ne point pouvoir rentrer chez moi avec un butin ‘’honorable’’… Mon prestige auprès des miens en souffrirait.
…Et notre caduc ‘’Don’’ usagé, blasé et sevré d’’’honneurs’’ et de biens terrestres, qui ne veut plus rien pour lui ; (mais alors rien du tout) ; sauf un beau gros ministère bien juteux ‘’qui serait convenable’’ pour son rejeton.
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لماذا يستخرينا زعماؤنا ؟
_ لاْننا شعب خريوات
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" Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel vient à s'affadir, avec quoi le salera-t-on ? Il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les gens. " (Mt 5, 13-16).
Dans un pays moribond et irréversiblement désarticulé, qui persévère dans une sorte de délectation morbide à s’autodétruire a force de stratégies socio-politico-économiques aberrantes, les raisons véritables de ce comportement suicidaire sont loin d’être facilement explicables et vont bien au-delà de l’incapacité, de la corruption ou de la pure félonie, pour remettre en cause la nature véritable de l’essence même d’un peuple, avec tout ce que cette perspective comporte de troublant, voire d'effrayant.
D’où l’opposition sauvage des Libanais a toute forme d’« Indagine su un cittadino al di sopra di ogni sospetto », de laquelle la plupart d’entre eux, du sommet de la pyramide jusqu’aux bas-fonds les plus ténébreux, ne sortiront pas indemnes.
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En 1860, le philosophe, philologue, historien et écrivain Français Ernest Renan effectua dans le cadre d’une expédition archéologique Française un long séjour au Liban où il résida notamment dans la région d’Amchit (village natal de notre nouveau Mr. Wonderful ).
Chercheur insatiable, Béchir Oubary rapporte sur son site « Heuristiques Libanaises » en date du 5 Janvier 2007, un fragment d’une lettre adressée de Beyrouth par Ernest Renan a son ami Berthelot, et que je reproduis intégralement dans le paragraphe qui suivra.
Extrait d’une lettre d’Ernest Renan a Berthelot.
Beyrouth, le 9 Novembre 1860.
Mon cher ami,
"Si vous voulez voir une nature dont rien ne peut égaler le charme, une mer admirable, un ciel incomparable, des montagnes les plus belles du monde, une race hideuse au milieu de laquelle émergent des types délicieux, une société arrivée au dernier degré de désorganisation où l'on puisse descendre avant d'atteindre l'état sauvage, venez ici..."
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En attendant (?) ; se déroule aujourd’hui même a la place des Martyrs une cérémonie grandiose pour la totemisation, (Oops, mille fois pardon gentes Dames et gentils Messieurs, je voulais dire: la ‘’Béatification’’) d’un certain père Yacoub ; ce qui constitue une promotion majeure dans l’hiérarchie céleste, et une etape principale sur le chemin d’être ‘’canonné’’ saint a part entière.
En l’occurrence, une massive overdose de ce que l’illustre doctrinaire appelait du haut de sa barbe fleurie : ‘’ L’opium des peuples ‘’.
A eux donc l'extase des paradis artificiels, et a moi de vaquer à ce qui me reste de mieux à faire et qui ait encore quelque signification:
Ibrahim Tyan.
* Visitez : « Les carnets du Beyrouthin »