
Lorsque Caïn, fils ainé d’Adam et d’Eve tua son frère Abel, la Genèse nous rapporte que l’acte fratricide fut motivé par l’acceptation par Yahvé de l’offrande d’Abel et de son rejet pour celle de Caïn, entrainant ainsi l’amertume de ce dernier et son dépit envers son frère cadet.
Il demeure que la Bible ne relate pas clairement les causes du favoritisme de Yahvé, chose qui confère à l’acte de Caïn un sens purement implicatif et non explicatif.
Cependant, il serait judicieux et hautement informatif de considérer le point de vue de nos ‘’cousins’’ Hébraïques qui sont après tout à l’ origine de cette fable.
Ainsi donc le ‘’Midrash’’ aussi bien que d’autres anciennes écritures Juives Exégètes de la ‘’Tora’ rapportent que les deux frères possédaient en réalité deux sœurs jumelles qui leurs étaient destinées en mariage. Etant tombé amoureux de la ‘’promise’’ d’Abel qui était la plus belle, Caïn tua son frère afin d’avoir le champ libre pour prendre la femme qu’il convoitait.
Ramenée à des dimensions plus prosaïques, (une vulgaire histoire de fesse) l’explication Juive gagne en plausibilité, sinon en compréhensibilité ; cependant l’église rejette dédaigneusement l’interprétation par trop terre à terre de ceux qui en sont pourtant les auteurs véritables, pour se cantonner dans une version nébuleuse et obscure propre à entretenir l’imbroglio superstitieux dans l’esprit du peuple, mais surtout l’appréhension devant l’indéchiffrable et l’inconnu.
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La pensée manichéenne de la majorité écrasante des Libanais est à l’origine de leurs plus grands maux ; depuis l’époque où le Cheikh Pierre Gemayel (Le Fondateur) clamait : ‘’ tous ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous’’ jusqu'à nos jours présents où le Sayyed affuble de trahison tous ceux qui ne partagent pas ses visées (déclarées) de guerre totale contre les Etats-Unis et le Sionisme :
ألموت لاْمريكا ألموت لاْسرائيل
…et nous promet de couper ‘’bras, langue et cou’’ a tout Libanais qui oserait lui réclamer de déposer les armes au profit d’un état central, souverain et non-aligné. .
Pour les Libanais, un daltonisme navrant entrave la santé de leur vision faussée par la lentille déformante des passions et des impulsions primaires exacerbées. De toute la gamme de l’arc-en-ciel, leur optique détériorée ne perçoit plus désormais que le Noir ou le Blanc, qui par ailleurs selon l’échelle des couleurs ne le sont point.
Dans la période allant de 1994 jusqu'à 2004, l’occupant Syrien pompa au trésor Libanais la somme invraisemblable de $ 200 Milliards pour les réinjecter dans le gouffre insatiable de son économie défaillante.
Durant la même période, l’absorbation de l’état Libanais au sein de la ‘’Grande Syrie’’ avait déjà accompli d’importantes étapes ; les institutions nationales, l’armée et la classe politique avaient déjà subi d’importantes mutations, et l’Arabisation du système éducationnel Libanais (qui faisait pourtant dans son unicité éclectique la distinction du Liban), et son rattachement a l’enseignement archaïque Syrien, avait déjà ses nombreux défenseurs au sein de la nouvelle classe dirigeante Libanaise créée de toute pièce par les forces de l’occupant.
Lentement mais inexorablement la dissolution de l’identité Libanaise dans l’océan Baassiste ‘’fraternel s’accomplissait sous l’œil indifférent du reste du monde.
Mais le plus grand drame du Liban réside dans la file interminable des martyrs comprenant la fine fleur de ses penseurs, politiciens, autorités religieuses et autres valeurs nationales irremplaçables, systématiquement ‘’éliminés’’ depuis 1975 par un régime Bassiste qui a élevé le terrorisme et l’assassinat politique au rang de doctrine d'état.
Il est un dicton populaire Libanais tout en fine espièglerie :
أللي طلّع الحمار على راس ألمادنة هوّي وحدو بيعرف ينزّلو
En Français : ‘’Ne peut faire descendre l’âne du haut du minaret que celui qui l’y a haussé.’’
Ainsi donc les Libanais virent la Syrie qui n’aurait jamais OSÉ sans le feu vert Américain et l’endos de l’état Hébreu occuper leur pays, y déguerpir au triple galop avec la queue entre les jambes après 30 ans d’occupation assujettissante, suite à la menace ferme et intransigeante de l’ultimatum Américain.
N’en déplaise à certaines âmes candides qui croient encore que ce sont les châles multicolores et les slogans enflammés du grand carnaval du 14 mars qui ont arraché le Liban aux serres du rapace Syrien.
Faut-il pour cela en remercier les Etats-Unis ?
Pas obligatoire ; puisque ce sont finalement les vents des intérêts Américains qui mènent la frégate Américaine ; mais de là a prendre les Etats-Unis en hostilité et de leur déclarer franchement la guerre relève de l’idiotie politique la plus totale, sinon de la criminalité la plus pure vis-à-vis de son peuple et de sa nation.
Surtout lorsqu’il s’avère (du moins on nous le raconte) que tout ce soulèvement ‘’Divin’’ qui menace d’emporter avec lui la nation entière est fait dans le seul but d’un sordide petit partage TRIBAL qui se limite a un ministre par ci, et deux ministères par là.
Pas plus que pour la logique bêtifiante de certains ‘’sages’’ qui prennent en exemple les relations idéales d’aujourd’hui entre la France et l’Allemagne pour nous endoctriner que ‘’la Syrie étant rentrée en Syrie, rien n’empêche la reprise des relations les plus cordiales entre les deux états-frères’’
Aurait-il été possible pour un Charles De Gaulle d’entamer son rapprochement spectaculaire avec l’Allemagne après les affres de WWII, si a la place de l’égide sage et modérée d’un Conrad Adenauer, il se serait trouvé face a un régime néo-nazi ?
De même pour ces Sunnites qu’au lieu d’encourager pour s’être finalement découverts des âmes de patriotes après des décennies d’allégeance fanatique et sectaire envers mainte influence étrangère, ‘’on’’ les taxe aujourd’hui de traitrise et de servilisme envers l’ennemi Américano-Sioniste.
De mémoire visiblement défaillante, ces mêmes ‘’on’’ oublient (ou font semblant) le jour mémorable où Cheikh Bachir Gemayel leur leader iconique, arriva au palais de Baabda juché sur la tourelle d’un Mirkava Israélien.
Faut dire qu’à cette époque-là, Israël faisait pour ses mêmes détracteurs d’aujourd’hui figure d’ange salvateur…
Le renard passe passe.
A chacun a son tour.
Rien ne vaut le cœur et la limpidité d’une âme d’enfant ; voila pourquoi je clos le présent billet avec cette charmante ritournelle puisée du monde féerique de l’enfance.
Ibrahim Tyan.
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