
> Ce qu'il faut surtout pour la paix, c'est la compréhension des peuples. Les régimes, nous savons que c'est : Des choses qui passent. Mais les peuples ne passent pas.
Charles De Gaulle.
Extrait d'un Discours à Dunkerque - Septembre 1959
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La tolérance du bon roi des Français Henri IV (1553-1610) ainsi que sa conversion du Protestantisme au Catholicisme pour le bien du pays, mit fin à la guerre civile entre les Français.
Sa verve de libre-penseur humaniste apparaît dans la magnifique boutade qu’on lui attribue, lorsqu’à la veille de son couronnement à la cathédrale de Chartres, il déclara à sa maitresse Gabrielle d’Estrées : Paris vaut bien une messe.
Mais c’est surtout sa nature généreuse qui transparaît dans sa non moins fameuse citation, désarmante de justesse et de simplicité : Je veux qu'il n'y ait si pauvre paysan en mon royaume qui ne puisse mettre tous les dimanches sur sa table une poule au pot.
L’assassinat de ce monarque altruiste et tolérant en 1610 par un François Ravaillac, Catholique fervent et jésuite fanatique, se place dans la ligne évidente des choses.
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> Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple le plus sacré et le plus indispensable des devoirs.
Robespierre.
Extrait de : lettre à la convention nationale.
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Depuis l’aube de son indépendance, le Liban doit tout à son peuple et presque rien aux gouvernements qui s’y sont succédés. C’est uniquement grâce à son initiative personnelle que le Libanais est parvenu à accéder avant l’éclatement de la sale guerre en 1975, à un niveau économique, culturel et social tel, que les habitants des plus prestigieuses métropoles de la planète lui enviaient.
A plus forte raison ses nombreux ‘’frères’’ et certains ennemis outre-frontière.
Mais de toujours, son adversaire mortel à été (et demeure) LE SYSTÈME LIBANAIS en lui-même, défendu jalousement par les ‘’autorités’’ successives qui ‘’dirigèrent’’ le pays, et qui se ressemblaient tous, comme se ressemblent les maillons d’une unique chaîne, faite pour retenir, entraver, empêcher et étouffer tout espoir de voir le Libanais accéder un jour à un régime meilleur.
Aujourd’hui, SE. Fouad Sanioura apparaît souvent à la télévision pour étaler (modestement) sa suffisance de white collar et tenir au Libanais moyen (de plus en plus illettré) un discours fallacieux et pseudo technique digne du plus petit broker charlatan de Wall Street, où il n’est question que de banque Mondiale, de conférences Internationales pour l’aide au Liban, de balance de paiements, de taux d’intérêt et d’indice de croissance.
Indice de croissance indeed !
_ Allez donc expliquer cela à un pauvre hère qui n’arrive pas à comprendre pourquoi l’huile d’olive, le citron, la tomate, les concombres, la botte de menthe fraîche et autres ingrédients nécessaires pour la confection d’un modeste plat de ‘’Fattouche’’ lui sont désormais rendues inaccessibles.
_ Ou pourquoi en l’espace d’un mois, les prix sur les étagères des hypermarchés ont augmenté de 40%.
_ Ou encore à l’auteur de ces lignes, obligé de se fendre avec ses voisins, d’une importante somme, pour le creusement d’un puits artésien afin d’assurer l’approvisionnement de leur immeuble en eau courante, avec toutes les dépenses supplémentaires en permis, certificats, filtres, entretien et examens labo réguliers que cette démarche implique.
Ce n’est qu’en occupant une suite au Ritz qu’on verra sa douche matinale revenir à plus cher.
_ Ensuite de consacrer un autre budget pour l’achat des six grandes jarres hebdomadaires d’eau minérale, nécessaires à sa subsistance et celle des membres de sa famille.
Et de recevoir en fin de compte la facture bleue de la compagnie Libanaise des eaux, lui réclamant candidement de payer sa cotisation.
…Qu’il va payer sans doute, comme il paie celle de la compagnie d’électricité du Liban malgré le rationnement, les pannes, les misères, la facturation illogique et exorbitante du kWh, et la présence d’un générateur privé en bas de l’immeuble ; ainsi que sa taxe de TVA et toutes les autres taxes que son gouvernement juge bon de lui infliger.
En ceci il ne diffère guère du reste des Libanais, qui paient tous, rubis sur l’ongle.
Et s’ils ne comprennent pas tous le fonctionnement du système fiscal et le rôle capital qu’il joue dans la structure économique et sociale d’un état moderne, il ne leur est point nécessaire d’être des Adam Smith pour deviner que les taxes, impôts et autres prélèvements gouvernementaux, constituent au Liban une sorte de RANÇON que Le citoyen (ou plus justement dit : le ressortissant) verse aux autorités, tels à un maître-chanteur ou à une mafia, pour ne plus les avoir sur le dos et de pouvoir ainsi vaquer à ses propres occupations EN PAIX.
C’est là la seule retombée positive que le Libanais récolte en contrepartie du paiement de ses impôts ; mais c’est toujours ça de gagné.
De tout temps, le fossé à existé au Liban entre les autorités et le peuple ; mais jamais comme depuis l’avènement de SE. Rafic Hariri, où l’on vit la somme totale du peuple libanais, reléguée au rang d’entité abstraite dans les livres de compte du grand bienfaiteur.
Le souvenir est encore présent du jour où le Grand Homme rassura publiquement un Elias Hraoui saisi par un faible soubresaut de scrupules, par les mots suivants : La vie progresse, le travail progresse et le pays progresse ; soyez-en sans crainte Monsieur le Président.
De quel progrès parlait-il donc ?
De celui qui catapulta sa fortune personnelle de $. 3 milliards env. à plus de $. 16 milliards en l’espace de quelques années pardi.
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> L’argent, ah ! Fléau des humains.
Sophocle.
Comme les Chrétiens ont leur Bon Dieu, les Musulmans leur Allah et les juifs leur Yahvé, moi j’ai mon Beyrouth et Solidere ne me le remplacera jamais.
L’ancien et merveilleux cœur de Beyrouth est mort sous les bombes depuis longtemps ; mais il aurait pu se remettre à battre, plus vif et plus fort qu’avant, s’il n’avait été étouffé par l’indescriptible rapacité ignare du requin qui s’est approprié de force la perle du Levant pour en faire une sorte de ghetto de luxe sans aucun lien spatial ou temporel avec le pays qui l’entoure.
Debout au milieu de Beyrouth, devant les locaux d’An-Nahar en cette resplendissante journée d’Octobre, j’observais pensivement la statue des Martyrs.
Jadis érigée fièrement au centre de la place, je la retrouve aujourd’hui misérablement coincée dans un recoin situé entre deux avenues à circulation rapide, ce qui lui fait perdre totalement sa fonction symbolique : celle de signaler un point fort de la cité, dans une ville de plus en plus dépouillée de tout repère urbain.
Derrière moi, j’entendis les gardes de corps et autres ‘’security Guards’’ qui pullulent constamment autour de l’immeuble du Nahar et du parking adjacent rigoler grassement autour d’une rutilante Mercedes noire arrêtée devant l’entrée de l’immeuble.
Saisi de curiosité, je m’approchais mine de rien pour découvrir un de leurs ‘’collègues’’ juché derrière le volant qui se marrait comme un gaulois tandis qu’à travers les haut-parleurs de bord la pulpeuse Haïfa orgasmait : Bouss el Wawa !
Vraisemblablement notre prochain hymne national.
Ibrahim Tyan.
Ps. Pour les lecteurs qui ne parlent pas l'Arabe: Bouss-el-Wawa = Embrasse mon bobo.
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