…OU LES ÉGAREMENTS MORTELS DES SUNNITES AU LIBAN.Aussi loin que remonte l’histoire du Grand-Liban, les Sunnites y ont toujours représenté l’élément récalcitrant et réfractaire, voire perturbateur.
Leur rejet inhérent pour l’esprit même du pacte national sur lequel la constitution d’un Liban indépendant et souverain fut établie est beaucoup plus redevable à la présence d’un président Chrétien Maronite quasi omnipotent à la tête du système, plutôt qu’à la prédominance de leur Arabisme sur leur Nationalisme, condition qui relèverait chez eux de l’effet plutôt que de la cause.
Durant ma vie, j’ai eu la chance, de rassembler autour de moi une pléiade d’amis de toutes les appartenances et les confessions, voire des agnostiques, des hérétiques, ou tout simplement des athées purs et durs ; merveilleuse expérience qui s’est avérée avec le temps, particulièrement fructueuse et enrichissante.
Entre la pensée utopique, idéaliste et mystique d’un Jésus détaché des conditions matérielles
(…mon royaume n’est point de ce monde), et celle pragmatiste et utilitaire du conquérant, monarque, pontife et législateur pointilleux qu’était le prophète Muhammad
( …l’argent et la progéniture sont les ornements de l’existence sur terre ), les points de rencontre entre ces deux pensées monothéistes, (malgré le bon-vouloir des esprits conciliants), restent minces et problématiques.
Durant les années 1960, il m’est souvent arrivé de lire à Beyrouth, sur les murs des quartiers Musulmans Sunnites de Kaskass, Mullah, Tarik el Jdidé ou Tallet el Khayat, le même graffiti toujours griffonné à l’aérosol rouge, qui exprimait invariablement le même message : La présence d’un chef Chrétien à la tête des croyants est
Haram. Ce qui était au demeurant, parfaitement légitime et compréhensible, du point de vue d’un musulman sincère et pratiquant, qui vit selon les préceptes de la Sunna d’Allah et de son prophète.
Toute la question est là ; et si l’on peut discuter, changer, plier ou amender des lois humaines selon les besoins ou les circonstances, un authentique croyant ne pourrait en aucun moment envisager de soumettre une loi de provenance Divine au même traitement, sous peine de mettre en péril son propre salut en ce monde,
et dans l’autre. Devant une telle perspective, qui l’en blâmerait ?
Sans parler du sentiment de gêne et de sourde infériorité, ressenti par le Musulman Libanais vis-à-vis de ses coreligionnaires Arabes, pour être
le seul parmi tous à être gouverné par un Chrétien et ceci en contradiction flagrante avec un commandement fondamental du Très-Haut.
De grandes issues peuvent avoir parfois à la base une cause simplissime et triviale ; c’est Pascal, grand homme de science, de lettres et de foi du XVIIe qui cite, non sans humour parmi ses
Pensées : « Si le nez de Cléopâtre eût été plus court, la face du monde en eût été changée. »
Apres avoir donc intriqué inlassablement pendant des décennies, notamment avec les Syriens, les Nasséristes et les Arafatistes, pour saisir le pouvoir au Liban, les Sunnites se virent à deux doigts du but lorsqu’ils sortirent seuls gagnants de la nouvelle constitution instituée à Taëf en 1989, qui procéda à ‘’émasculer’’ le président Chrétien en le dépouillant de toutes ses facultés cruciales antérieures, au profit du conseil des ministres réuni.
Depuis lors, une marginalisation systématique des Chrétiens Libanais, et une déchéance progressive de leur influence politique, sociale, et culturelle sur le pays se fit avec l’aide de l’occupant Syrien, mais aussi avec la complicité de certaines ‘’images’’ politiques et religieuses Chrétiennes qui favorisèrent cette issue par opportunisme ou par simple inconscience politique.
Aujourd’hui, le courant Sunnite d’Al Mustaqbal en la personne du Premier Ministre Fouad Sanioura, nanti de tous les attributs et pouvoirs jadis relevant de l’autorité du seul président Maronite, gouverne ‘techniquement’ le pays ; mais de graves fautes et des erreurs de jugement, de prévision et de prospective, ont transformé le trophée tant convoité qu’il croyait enfin sien, en une poignée de cendres bientôt éparpillés aux quatre vents, et tous les Libanais avec.
*** L’échec sur le plan économique est grandiose. La négligence des secteurs de l’agriculture et de l’industrie pourtant jadis florissantes, sous prétexte de favoriser le ‘’tourisme’’, ajoutée à l’économie clandestine, cabalistique et erratique adoptée par le gouvernement Haririste ainsi que la politique désespérée de l’emprunt sauvage, un système fiscal aberrant et déraisonnable et l’atteinte par la corruption à des niveaux inimaginables, ont fini par transformer ce Liban jadis aisé et prospère, en un pays saigné à blanc, insolvable et mendiant, dont la plus grande aspiration consiste désormais à accéder au rang de lupanar à l’usage des pétro – bédouins.
*** Les altérations dramatiques advenues à la démographie du pays après l’exode massif et occultement provoqué des Chrétiens vers l’étranger et l’évincement du pouvoir de leurs autorités de valeur encore résidentes, au profit de quelques larbins serviles conservés pour la forme, ont irrémédiablement changé la face de ce qui fut un jour, le seul havre de civilisation et de libre-pensée dans un Moyen-Orient obscurantiste et totalitaire.
Artisans véritables d’un Liban ‘’phare de l’Orient’’, le départ progressif des Chrétiens prive le pays d’une inestimable force économique, sociale et culturelle faite de libéralisme, de créativité et de productivité, et d’une culture unique qui rallie la subtilité et la profondeur de l’héritage Arabo – Byzantin, à la richesse et la rigueur de la civilisation Franco – Latine influencée par la luminosité de la pensée Hellénique, désormais en cours de remplacement par une mince couche factice de ‘culture’ Américanisante bidon.
Le joyau authentique qu’était le Liban ne s’était pas fait tout seul et par hasard, du jour au lendemain ; cette vérité historique essentielle semble néanmoins échapper aux mentalités épaisses de la horde du 14 Brumaire dont la lucidité politique est désormais paralysée par l’orgueil totalitaire, la cupidité, et le sectarisme revanchard.
*** Effrayés au lieu de s’en réjouir par les victoires spectaculaires sur Israël, enregistrées par la résistance Islamique Libanaise représentée notamment par le Hizbollah Chiite, les Sunnites Libanais qui ont brandi sans le moindre résultat pendant plus d’un demi-siècle, l’étendard du
Jihad contre l’occupant Sioniste, se conduisent aujourd’hui en commerçants jaloux, évincés d’un marché qu’ils considéraient jusqu’alors comme étant le leur, par la ‘’concurrence malhonnête’’ du parti Chiite.
Non contents de s’être attirés l’inimité de la majorité écrasante des Chrétiens Libanais, les Sunnites du Hariristan sont aujourd’hui en confrontation directe avec le formidable bloc Chiite, dans une manœuvre désespérée et irresponsable, en vue de l’attirer vers un conflit armé qui fournirait à Israël et aux forces de l’OTAN, le prétexte d’intervenir directement au Liban,
en leur faveur ; …espèrent-ils !
*** Depuis le premier jour de l’Indépendance en 1943, l’opposition Sunnite, Islamiste fut-elle, Nassériste, Baasiste, Arafatiste ou autre, trouva éternellement en la Syrie un allié précieux et un réservoir inépuisable d’appui moral, physique et matériel, sans lequel il leur aurait été virtuellement impossible de réussir dans le moindre de leurs desseins.
L’aide Syrienne n’a jamais été bénévole, celà est un fait bien connu, n’empêche que La place que les Sunnites occupent actuellement au Liban est grandement due à cette aide.
En se retournant aujourd’hui contre la Syrie et en s’alignant sans vergogne dans les rangs de ses ennemis, les Sunnites Hariristes se sont faits un ennemi mortel du régime le plus criminel, le plus sanguinaire et le plus implacable que la région ait jamais produit.Et qui les poursuivra jusqu’à la tombe.D’où leur dépendance désormais pathologique envers leurs nouveaux ‘protecteurs’ Américano – Sionistes avec toutes les servitudes, les concessions et les avilissements infinis que cette situation sans issue peut entraîner.
*** Mais le pire demeure leur implication avec
Al Qaeda qu’ils crurent pouvoir utiliser pendant un certain temps à leurs propres fins, pour les rejeter tout de suite après selon leur tactique préférée.
Erreur grossière et bêtise fatale qui les plaça, et le Liban en entier, dans le collimateur d’
Azraël en personne.
Et l’on vit pour la première fois depuis deux ans la destination des attentats criminels se préciser singulièrement, de Verdun aux forces de la FINUL, en passant par Aley, Tripoli et Walid Eido.
On ne joue pas au plus malin avec le Diable, ni l’on ne tire impunément la queue à
Ibliss.
Que de prix payé depuis quarante ans, rien que pour la suppression de l’aspect Chrétien du Liban.
Ibrahim Tyan.