Friday, August 31, 2012



LE SANG DES BÊTES

(Georges Franju, 1949.)



A-t-il jamais été question dans les annales de la mythologie populaire, d’un vampire qui aurait consenti à lâcher sa proie à l’amiable ?

Partant de là, l’obstination aveugle du régime Syrien à ne s’en aller que par lambeaux sanglants, relève autant de l’obtuse barbarie inhérente à sa nature, que de l’implacable inhumanité de ses maîtres protecteurs.

Lovée dans le giron de l’ours Sibérien, la chauve-souris Baasiste n’en reste pas moins vulnérable au pointage systématique de l’oncle Sam qui a rarement été à pareille fête.    

Sans précipitation inutile, le Yankee mène son affaire avec une économie de moyens exemplaire, jaugeant l’usure progressive des antagonistes impliqués de près ou de loin dans le bourbier Syrien, avec la calme assurance de celui qui se sait gagnant à tous les coups.   

Derrière lui, toute une pléiade de ténors du monde civilisé (ou pas), allant de Saoud El Faysal jusqu’à James Cameron, d’Ehud Barak à Hamad bin Jassem, et d’Ahmet Davutoğlu à Ayman El Zawahiri, lui font écho, condamnant les atrocités du régime Syrien avec la dernière des énergies.

Qu’Allah bénisse l’entente mondiale !

Et combien malchanceux fut le peuple Libanais qui ne bénéficia guère de cette généreuse attention au cours du siècle dernier, lorsque l’ancien reptile Baasiste écrasa en toute impunité les zones chrétiennes rebelles de Beyrouth sous un déluge de fer et de feu.
Mais il faut dire qu’à cette époque-là, l’existence du monstre faisait les affaires d’un Occident cynique et pragmatiste dont l’unique réaction aux appels de détresse des Libanais, fut de leur proposer le transfert immédiat vers la quiétude des steppes Canadiennes où, parait-il, un territoire spécial leur avait été déjà assigné.    

Longtemps je me suis imaginé, le cul fouetté par la cruelle bise du nord Canadien, debout au milieu d’une longue file de réfugiés, tenant d’une main un baquet et de l’autre une gamelle.

Mais laissons les morts enterrer leurs morts, et retournons au présent.                        

Son numéro cousu fil blanc accompli, Kaffir Annan de la ligue des baratineurs unis, pas mécontent de de retrouver la quiétude de ses pantoufles Ghanéennes après les empoisonnements de l’imbroglio Syrien, passe le relais à Sid Lakhdar Brahimi, charognard Onusien de son état, et fossoyeur patenté des causes les plus diverses.

Quelles nouvelles misères tramées par tes Sid Otaniens, nous rapportes-tu encore dans ton bec, ô vieux corbeau issu de la terre du Yasmine, du Tajine, et des beurettes coquines ?  

Selon toi, combien de manières existe-t-il, pour expliquer le cas de tout un peuple, dressé comme un seul homme contre une dictature usurpatrice et criminelle qui n’a plus pour elle que le noyau dur d’une armée sectaire et fanatisée qui massacre ses concitoyens avec la sauvagerie aveugle de ceux qui se savent perdus quoique il advienne !      

La réponse se trouve peut-être dans les nouveaux cafés toc de Beyrouth où les spéculations toc-toc vont bon train et où l’on y discute ferme de l’axe Tartous-Vladivostok, d’Alep nouveau Stalingrad, et de la Syrie-Corée dont la partition inaugurerait une nouvelle ère de guerre froide universelle…

Mais il me semble que l’on néglige quelque peu de rappeler que les porte-flambeaux du communisme d’antan ont déjà basculé depuis belle lurette dans la forme la plus odieuse du capitalisme, et que de tout temps, les guerres entre capitalistes n’ont jamais étés froides !

Quand et comment finira le conflit Syrien ?

C’est là une question qui hante l’existence des Libanais de tout bord ; de l’infime limaçon plébéien jusqu’au gros cafard à merde politique, ils sont tous dans l’attente de l’issue finale de la bataille pour la Syrie, afin de s’entresauter illico à la jugulaire.

Le plus drôle dans l’affaire c’est que personne ne peut savoir au juste si cette issue est une question de Temps ou de Timing ; d’où la perspective de voir le brasier Syrien durer des décennies, ou cesser demain.

Idem pour le Liban qui aurait bien pu s'éviter cette duplication funeste, avec un brin de mémoire, un bout de jugeote, et un minimum de patriotisme.

Sacrés Libanais ! Je les imaginais quand même, un peu plus futés que ça !

J’ai eu tort.

Ibrahim Tyan.

Dans une petite ruelle adjacente à Aïn-el-Mraisseh, j’ai pris avec mon portable la photo d’un faire-part accroché à une vieille porte fermée depuis si longtemps que les méchantes herbes y ont envahi l’entrée.