Thursday, November 12, 2009

Dans le vent de l'Histoire.





On raconte que vers les débuts des années 60’ du siècle dernier, la première chose qu’exigea Charles De Gaulle lors de son arrivée pour l’inauguration du bal annuel des artistes, fut d’être présenté à Brigitte Bardot !

L’on vit alors la belle toute pâmée se faire gratifier par l’illustre personnage du plus cérémonieux des baisemains, et d’un hommage aussi magnifique que solennel tenu à peu près en ces termes : ‘’Madame, vous pouvez me considérer parmi vos fervents admirateurs.

A un Michel Debré qui pince-sans-rire aurait par la suite demandé au général combien de films de B.B. ce dernier a-t-il bien pu voir, le grand imperturbable aurait répliqué : AUCUN ! Mais quiconque capable de faire rentrer annuellement au trésor Français plus de devises que les usines Renault, à certainement droit à mon admiration’’.

Tout comme le célèbre Veni Vidi Vinci prêté à Jules César, ou l’état, c’est moi attribué à Louis XIV, l’historicité de cette anecdote sur le Grand Charles est finalement de peu d’importance, compte tenu de l’exactitude avec laquelle la quintessence même du personnage y est reproduite, avec toute la versatilité et la finauderie d’une nature aussi pragmatique que complexe, bien que dissimulée sous un voile mystificateur de rigueur monolithique.

Aujourd’hui, après l’éclatement de l’empire Soviétique et l’entrée active sur la scène Européenne de ses anciens satellites, mais aussi avec la réunification - au grand dam de ses ‘’alliés’’ Occidentaux - d’une Allemagne qui n’a plus besoin d’eux pour justifier sa légalité face à sa contrefaçon Est-allemande, plus grand-chose ne subsiste des Hypothèses et des rêves Gaulliens ; et la France qui n’a point la force requise pour organiser à elle seule un nouvel équilibre Européen, n’a guère d’autre choix que celui d’un partenariat difficile avec les Etats-Unis, ne fut-ce que pour la sauvegarde de sa politique de coopération Franco-allemande.

Paradoxalement, c’est aux dernières réminiscences toujours adhérentes à l’inconscient universel d’une cinquième république auréolée du rayonnement Gaullien, que la France doit aujourd’hui de pouvoir encore donner le change – fut-il d’ordre purement lyrique - d’une puissance agissante au sein d’un monde régi par un ‘’nouvel ordre’’ dont le leadership quasi absolu a été fermement et arbitrairement accaparé par les Etats-Unis.

Montréal 1967 ; du haut du balcon de l’hôtel-de-ville, l’imposant vieillard venu du vieux continent avec la ferme intention d’empoigner le processus historique à bras-le corps, frappa devant les masses des Québécois en délire, un des coups les plus retentissants de son extraordinaire carrière en proclamant du plus fort de ses cordes vocales éraillées par l’âge et usées par des décennies d'usage intensif de Caporal ordinaire: Vive le Québec libre !

Etait-ce là une action préméditée avec des motivations historiques définies comme l’affirment certains, ou tout simplement ‘’un acte de folie gratuite’’ comme l’écrivit plus tard un Georges Pompidou ?

Qui sait !

Beyrouth 2006 ; debout derrière l’écran pare-balles au milieu de la Place des Martyrs, l’Emir de la Montagne déploya sa longiligne carcasse Nosferatienne avant de s’engager tête baissée dans un drôle de sentier dont les issues problématiques s’avérèrent par la suite tout aussi inconnues de lui que du reste des hordes troglodytes déversées par charretées entières sur la place en ce jour-là, dans le seul but de la remplir, et d’acclamer le Bey sans entendre ni comprendre.

Cloué devant mon écran TV, j’observais avec un mélange d’hilarité mêlée de stupeur, le crescendo du délire qui montait frénétiquement jusqu’au dépassement des lignes du non-retour.

يا بيروت بدنا ألتار
من لحّود ومن بشّار


''Vengeance, vengeance ô Beyrouth.
De Lahoud (le PR. Libanais) et de Bachar (le PR. Syrien)''.

A en croire que l’Histoire avait jeté son dévolu sur notre place des Martyrs en ce 14 Brumaire 2006 pour se répéter comme une farce selon la célèbre citation du prophète du matérialisme dont la pensée fut emmurée dans les souterrains du Kremlin juste en-dessous du mausolée de la ‘’momie rouge’’ de Vladimir Ilitch !

Il demeure qu’il existe de par le monde, avec des fluctuations variant d’un régime à l’autre, une force omniprésente et omnipotente devant laquelle la toute-puissance même de Dieu  s'avère inopérante. .

Beaucoup plus formidable que la grossière parodie de Sparte qu’est le parti khomeyniste d'Allah, plus hermétique que la Franc-maçonnerie Ecossaise et plus soudée que la Cosa Nostra Sicilienne, elle se présente au Liban sous l'aspect d’une ligue de gros Banquiers, Importateurs et Entrepreneurs autour de laquelle gravite traditionnellement une pléiade des politiciens courtisans et de véreux dignitaires religieux.

Une oligarchie absolue qui garantit impunité et sanctuaire à tout scélérat soumis à son autorité et exécutant de ses desseins.

Mais pour en revenir à notre rabâchage ; pourquoi ne pas saisir l’occasion de la formation du nouveau cabinet pour aller au-devant du processus historique en organisant au palais royal (en l’occurrence le palais ministériel) un bal des artistes Libanais sous l’égide bienveillante de son altesse le prince héritier, puisque c’est d’une véritable dynastie royale que le Liban est désormais affublé ; ce qui représente finalement une bonne chose puisqu’il cessera ainsi de faire figure de brebis noire au milieu de ses frères et sœurs régionaux. (et n’allez surtout pas me contredire en me racontant que l’Egypte, la Syrie, la Lybie ou la Tunisie ne sont pas des royautés ; cela me vexerait.)

L’on verrait alors son altesse dans un geste de bonté royale, présenter ses hommages à Madame Haïfa Wehbé, et ouvrir avec elle le bal par un charmant menuet sur l’air de Bouss-El-Wawa, entamé par l’orchestre du palais sur un tempo d’allegro ma non troppo.




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Ibrahim Tyan.