Friday, July 31, 2009

L'Eden, du Golfe a l'Océan.
















Vers la fin des années 80 du siècle dernier, je me retrouvais à bord d’un appareil de la Cyprus Airways en partance de Koweït city a destination de la ville insulaire de Larnaka où m’attendait le paquebot qui me rallierait a la petite commune inhospitalière de Jounieh et de sa modeste crique pour esquifs a Sultan Ibrahim*, que les conjonctures fortuites de la guerre métamorphosèrent en un florissant port stratégique et commercial, sans pour cela altérer l’obtuse xénophobie de ses autochtones.

Avec les hasards mortels qui jalonnaient en ce temps-là le trajet menant vers l’unique aéroport civil du pays, je me trouvais a l’instar de quantité de mes compatriotes, condamné à perpétrer en un inlassable aller-retour, cette onéreuse et lamentable odyssée aéro-maritime, en vue de se préserver un minimum d’activité professionnelle, mais aussi pour garder un faux-semblant d’existence normale au sein d’un pays livré de fond en comble a l’absurdité de la guerre civile.

Dédaignant donc l’insipide collation d’usage que me proposait l’hôtesse de l’air Chypriote, je n’en conservais qu’un caoua noir que je sirotais pensivement, entouré des veloutes aromatiques d’un excellent tabac doré de Virginie (Le sacré temps, où un fumeur n’était pas encore relégué au ban des pestiférés), tout en détaillant d’un œil discrètement scrutateur mes compagnons de voyage.

une ribambelle turbulente de Libanais rentrant au bercail constituait l’essentiel des passagers dans l’appareil à moitié vide , le reste étant presque entièrement composé de placides Occidentaux plongés pour la plupart dans la lecture, une activité quasiment inconnue de l’Homo Arabicus représenté à bord par de rares bédouins clairsemés, dont une femme caparaçonnée de la tête aux pieds du voile intégral (Burqua), qui traversa l’allée vers les toilettes situées à l’arrière de l’appareil, trimbalant une grande sacoche en plastique jaune et laissant derrière elle un fort relent de musc.

Le grésillement soudain des haut-parleurs suivi du discours invariablement inintelligible du commandant de bord (pourquoi diable n’oblige-t-on pas ces gens-là à suivre des cours de diction?), marmonnant somnambuliquement d’ultimes directives avant l’amorçage de la descente vers Larnaka, me rappela que la fille du désert tant musquée que masquée n’était point revenue de son périple ablutoire.

Passablement intrigué, je me retournais pour scruter la région arrière de l’appareil, lorsque du fond de l’allée surgit une apparition qu’un quart de siècle pourtant riche en rebondissements n’a pu m’effacer de la mémoire.

Ce fut le grand sac jaune que je reconnus d’emblée, mais point la créature qui le tenait, et qui s’avançait du fond du couloir en se déhanchant lentement d’un pas langoureux de danseuse du ventre.

un corps splendide d’odalisque brune dont la gorge magnifique ne demandait qu’a prendre son essor du petit bustier rose réduit a sa plus simple expression, et qui laissait le ventre entièrement a découvert jusqu'à la lisière d’un jean bleu ultra serré dont la taille basse recouvrait a peine la région pubienne mais point les hanches insolemment somptueuses ; de mignons petits baskets roses complétaient l’accoutrement de cette incroyable Aphrodite des sables aux lèvres charnues violement carminées, et dont les immenses yeux noirs lourdement soulignés au Kohl, encadrés de grandes boucles d’oreille en cerceau a l’espagnole et surmontés d’une tignasse crépue d’un noir de jais coupée en casque dans la plus pure tradition Afro-Américaine des années 1970, balayaient l’assemblée d’un double faisceau froidement effronté.

A son passage, je reçus en plein dans l’œil l’éclat de son nombril serti d’une pierre qui scintillait de mille feux tel un diamant.


Click & Enjoy.

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Un ami Egyptien, gynécologue de sa profession et membre éminent de l’ABO+G (American Board of Obstetrics and Gynecology), me raconta que durant ses premières années de service a l’hôpital ''Kasr-el-Aïni'' au Caire, lui fut emmenée une Fellaha (paysanne) qui avait déjà donné naissance a sept enfants vigoureux et parfaitement sains mais qui ne parvenait plus a en concevoir un huitième ; ce qui lui attirait les foudres de son mari et les railleries méprisantes de ses beaux-parents qui lui reprochaient sa stérilité.

Ayant procédé a un premier check-up de routine sur la matrone que mon ami (qui a toujours été petit et chétif) me décrivit comme étant ‘’grande, large et forte comme un buffle’’, il réussit après mille subterfuge, a la convaincre de prendre une posture plus adéquate pour un examen gynécologique complet.

Mal lui en prit, puisque la dernière chose qu’il entendit lorsqu’il se pencha entre les jambes imposantes fut le hurlement strident de la créature qui se mit à barrir :
يا لهوي يا لهوي يا لهوي ** avant que les deux colonnes massives de muscle et de chair ferme ne viennent se refermer avec une violence inouïe sur la tête du malheureux qui se mit à se débattre avec l’énergie du désespoir tel un moineau pris entre les tenailles d’un piège a loup.

Il ne dut son salut qu’a l’intervention énergique de deux robustes infirmiers qui parvinrent in extremis à l’extraire plus mort que vif de l’étreinte du formidable étau.

Depuis ce jour-là, mon excellent ami et digne descendant de la race des Pharaons sait exactement ce que ressentit son illustre ancêtre lorsque les murailles d’eau de la Mer rouge dûment scindée par Yahvé le tout-puissant, se refermèrent brusquement sur sa tronche et celles de ses suivants.


Click & Enjoy.

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Assis sur mon banc de pierre face à la Méditerranée, je méditais sur les temps oubliés où Le tracé d’un homme sur cette terre était régi par un seul et unique serment, prêté en connaissance de cause, pour le meilleur et pour le pire.

Mais l'ère d'Amenhotep IV dit Akhenaton fils d’Aton-Ra et seigneur des deux terres est a jamais rèvolue,remplacée par celle de SM. Abdallah bin AbdelAziz, protecteur de la croyance et serviteur des deux ''saints des saints''.

Dans la splendeur du soleil couchant, je ris tout seul à l’évocation de la raclure politique Libanaise et de leur capacité inouïe à expliquer, tromper, violer, renier, lâcher, abuser, accuser, mentir, décevoir, berner, déserter, dénaturer, déformer et se cocufier les uns les autres.

Et le vent du crépuscule emporta mes chimères jusqu'au doux ressac qui les berça avec une tendresse que je mépris pour de l’approbation

Ibrahim Tyan.

* Sultan Ibrahim : Nom donné par les Libanais à tout poisson de la famille des Rougets.

** يا لهوي : Expression populaire Egyptienne pour exprimer des sentiments tels la honte, l’outrage, la consternation, etc.

Friday, July 10, 2009

Ine Megalos O' Kaïmos*




*Immense est la souffrance.

La plage s’étire,
en de longues vagues.
Immense est la douleur de la nostalgie ;
plus marquant que la honte, le regret des chances perdues.

Comme un fleuve d’amertume au fond de moi,
coule le sang de tes blessures.
Mais plus amer que le sang
est ton baiser sur mes lèvres.

Tu ne connais point le froid glacial,
ni l’angoisse des nuits sans lune;
et de ne savoir à quel moment,
sur toi fondra le malheur.

Comme un fleuve d’amertume au fond de moi,
coule le sang de tes blessures.
Mais plus amer que le sang,
est ton baiser sur mes lèvres.

Dimitris Christodoulou / Mikis Theodorakis.


Musique de Mikis Theodorakis.

Interprète: Vicky Leandros.









Maria Farantouri et Mikis Theodorakis.

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La demeure d’Ibrahim Sursok a Achrafieh, un des ultimes vestiges…

Ibrahim Tyan.