Saturday, June 27, 2009

Comment qu'elle est ?

















Elle est comme ça.

De la vicieuse offensive politico-médiatique tout azimuts lancée par Le Caire en Avril dernier contre le Hizballah, jusqu’a la croisade quasiment mondiale (?!?) contre le général Aoun, ainsi que des menaces a peine voilées proférées par Tel-Aviv et certains membres de l’Otan a l’égard du Liban en cas du succès des forces de l’opposition aux législatives, le tout couronné par la réunion des leaders de la ‘’majorité’’ dans la coquette demeure de Sitt Nayla (Mouawad) a Hazmieh sous l’égide du vice-président des Etats-Unis in person.

A cela viennent S’ajouter les quelque $ : 750.000.000 (plus d’un milliard selon d’autres sources), et le vaste contre-exode National notamment Sunnite, effectué a coups de ponts aériens et de charters en direction du pays natal, ainsi que de la complicité inavouée de la Syrie (qui en récolte déjà les primeurs Internationales), et tout cela pour la réinstauration sous la voûte parlementaire d’Ammar Houri de Farid Mkari et d’Ahmed Fatfat ainsi que de quelques nouveaux venus dont Madmouzèle Nayla (Tueini) et notre ‘’aigle des mots’’ et Bossuet domestique Oukab Sakr, dans un ridicule simulacre d’élections démocratiques comme le pays (qui en a pourtant vu d’autres) n’en a jamais connu !!!

Entretemps, le brasier déclaré dans les rues de Téhéran, tel un feu chimique, n’en finit pas de ressusciter, tandis que Nicolas Sarkozy, dans un coup de pied de l’âne aussi brusque qu’inexplicable, menace des pires représailles les porteuses du voile intégral de l’Islam.

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D’une manière ou d’une autre, les éléments hétéroclites composant le petit constat ci-haut évoqué semblent cependant (et en quelque sorte), découler indéfiniment d’un seul et unique générateur.

Et cela schlingue la maison Shalom à plein naze.

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EN TOUTE SIMPLICITÉ :

Il est quelque 500.000 refugiés Palestiniens sur le sol Libanais résultants notamment des exodes de 1948 et de 1971 et dont Israël, ni les pays Arabes, ni la communauté Internationale n’en veut à aucun prix.

Du même coup, il est toute une camarilla Libanaise qui est d’accord pour les naturaliser (en douce) et d’en finir une fois pour toute avec leur dossier, alors qu’une autre (parait-il) s’y oppose avec la dernière des énergies.

De ce fait, les consentants a l’implantation définitive des Palestiniens au Liban bénéficieront toujours de l’appui actif et inconditionnel de la majorité des forces Régionales et Internationales favorables a ce projet qui arrange tout le monde sauf les Libanais (mais ceci est une autre histoire)…, alors que les opposants se retrouveront constamment avec les trois quarts des forces planétaires sur le dos.

Parmi les principaux opposants farouches, il est le Hizballah, dont les causes ‘’idéologiques’’ discutables ne me persuadent guère, et le Tayyar du General Aoun dont le Nationalisme utopique n’est pas sans chatouiller les ultimes fibres idéalistes qui me demeurent ; reliquat probable d’une lointaine adolescence chimérique.

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Lorsque Jésus de Nazareth mit l’homme devant la décision de choisir entre Dieu et l’argent, certains trouvèrent ce rapport exagéré voire outrageux.

Or il se trouve que l’idée de Dieu n’est jamais plus précaire que dans la conscience d’un dévot ; voila pourquoi les Libanais (qui sont des dévots par nature), se laissèrent acheter (une fois de plus), avec la ‘’candeur’’ et ‘’l’ingénuité’’ de ‘’l’innocence’’.

Ainsi donc, l’argent Wahhabite s’acquit allégrement (et a prix finalement dérisoire) une nette majorité parlementaire Libanaise pour le compte de l’oncle Sam et de Rabbi Jacob, ainsi pour leur petit compte Sunnite personnel ; une faveur qu’ils ont amplement méritée.

Ce que les GBU-28 ‘’Bunker Buster’’ de Hel HaAvir et les Merkava de Tsahal n’ont pu accomplir, le petro dollar et le sectarisme aveugle sont en passe de le réaliser (mieux, de le légaliser) en douce et dans un climat quasi idyllique de réconciliation et de ‘’détente’’.

Ainsi donc, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ; pas vrai Jeannot ?

_ M’ouais (grincheux) ; mais gare a la mi-temps…


Paix a ta mémoire tourmentée ô Ray Charles, toi a qui je dois cette petite perle récoltée parmi les gemmes de ton luxuriant répertoire qui suinte la misère de l’âme dans un écrin clinquant de negro spirituals et de rythm & blues :

Whenever you in town and looking for a thrill
if Lincoln can't get it, Jackson sure will*



Ibrahim Tyan.

*l’effigie d’Abraham LINCOLN est représentée sur le billet de $: 10 alors que celle d’Andrew JACKSON se trouve sur celui de $: 20.

_ ‘’Greenbacks’’ Ray Charles.

Monday, June 15, 2009

Pleine lune sur le Metn-Nord.







Accoudé à la balustrade de ma terrasse, je savourais religieusement à la pointe du jour, la plénitude du premier café, la volupté de la première cigarette, et l’aube d’un soixante-troisième printemps prodigué par mère nature dans sa magnanimité infinie.

Et si le voile de la nuit agonisante demeurait assez dense pour masquer les détails du large panoramique circulaire embrassant du haut de ma tour, les montagnes du Metn-nord jusqu’au golfe de Dbaiyé en passant par la colline d’Achrafieh et le port de Beyrouth, l’air balsamique de l’été charriait jusqu'à mon esplanade les vibrations subtiles de l’éternelle nuit Méditerranéenne baignée d’un clair de lune dont l’hyaline magie composait admirablement avec l’envoûtement lascif des frangipaniers, mêlé a la fraîcheur innocente des orangers en fleur.

Et je me surpris à béer sans défense devant une pleine lune inconcevable accrochée au nadir indigo, et dont les tentacules arachnéens semblaient assez proches pour m’aspirer silencieusement dans son orbite glacée de déité absolue des ténèbres ; moi dont l’idolâtrie pour la lumière et l’astre du jour, rivalise en ardente dévotion avec le zèle mystique d’Akhenaton l’hérétique.

La hideur, la disgrâce et les altérations apportées par l’homme a l’Eden terrestre, s’estompent temporairement sous l’épais manteau d’ombre et de sérénité pour ne laisser place qu’aux voix mystérieuses de la nuit ; l’ululement étouffé d’une chouette, le hurlement lointain d’un chien perdu, la stridulation têtue des criquets et le chuchotement de la brise nocturne a travers les arbres sous l’éternité intersidérale constellée de myriades de vestiges éphémères des foyers éteints dans un passé immémorial.

La nuit est douce et clémente, et l’irrémissible sauvagerie de l’anarchie urbaine se dissimule sous sa voûte impénétrable pour ne laisser transpercer qu’un immense horizon dégagé ; et la montagne d’ordures de Karantina que les Beyrouthins appellent par dérision ‘’le Mont-el-Murr’’ vu les louvoiements et les fausses promesses de son excellence durant son interminable séjour au ministère de l’intérieur pour les en débarrasser, n’existe plus. Seules subsistent les féeriques lueurs du port reflétées par une Méditerranée dont la sagesse n’a d’égale que l’indulgence.

La nuit est intemporelle. Du haut de mon vain perchoir fait de verre, de béton et d’acier, je retrouvais le ciel de jadis ; celui de l’âge d’innocence et de la seconde maison paternelle bordant l’ancienne ‘’Route de Damas’’, où je passais le reste de mon enfance et une bonne partie de ma jeunesse avant que la guerre ne vienne emporter, demeure et vingt ans, vers des lieux où l’on ne revient pas.









En accordance avec l’amnésie chronique qui caractérise le conscient Libanais, personne, hormis quelques rares survivants ne mentionne plus cette mythique voie qui partait du cœur battant de Beyrouth, du centre même de la Place des Martyrs, longeait ce qui fut appelé durant les années noires : ‘’la ligne verte séparant les deux Beyrouth’’, traversait Furn-el-Chebbak et Aïn-el-Rommaneh qui était encore a l’état de bourgade semi agricole, bifurquait vers les hauteurs de Mkalles avant d’entamer l’ascension du Mont-Liban (le seul Liban que mentionne l’histoire), et de déboucher sur la plaine de la Bekaa et les anciens greniers de Rome.

Le plus dur étant franchi, le reste devenait relativement aisé ; une dernière étape de plat menait tranquillement jusqu’aux frontières marquant la fin du territoire national et le seuil de l’entrée au Goulag…

Telles la légendaires route de la soie et celle des épices, la ligne de l’Orient Express et celle du Hidjaz que sublimèrent dans l’imaginaire Occidental les récits des chantres du colonialisme Européen et notamment Victorien, la route de Damas qu’arpentèrent le long des siècles, marchands et exilés, penseurs et conquérants, philosophes et renégats, saints et pèlerins mériterait une place identique dans la mémoire de l’Orient, si l’on n’y était trop absorbés a déterminer si la maternité de Jésus revenait a Marie fille de David ou a Mariam bint Omran et s’il vit le jour dans une grange a Bethlehem ou sous un palmier d’Arabie.

Agrippé aux vétustes barreaux en fer forgé de la balustrade du vieux balcon et guère plus haut qu’elle, l’enfant, quelque part dans le temps, guettait patiemment la rue éclairée d’un pâle réverbère et dont les deux bouts se perdaient sous un manteau de nuit.

Précédé d’une vacillante lueur et d’un crissement d’essieux mêlé à un cliquetis de sabots sur le macadam, la première charrette de la file émergea lentement de l’obscurité et le gosse ne perdait pas une miette du spectacle de la longue procession qui défilait fièrement a la lumière des lampes a pétrole et au petit trot, au son des grelots, des claquements de fouets et aux cris des charretiers.

Chargés de verdure, d’herbes aromatiques et d’autres produits maraîchers, les chariots porteurs de légumes et de fruits dont je n’ai plus retrouvé le parfum ni la saveur arpentaient chaque soir la route de Damas a rebours, avec pour destination finale la place des Martyrs et plus exactement le ventre de Beyrouth* qu’étaient les souks, véritables Halles luxuriantes et pittoresques qui ont évidemment disparu, partiellement remplacés par la massive et incongrue mosquée-mausolée de Mohammad el Amin, et le Saint-Sépulcre du Grand Bienfaiteur qui repose au milieu du carré aride et sans joie devenu la Place de Rien.



Ibrahim Tyan.

* le ventre de Paris, Emile Zola (1873)

Monday, June 8, 2009

LA NAUSÉE*

































* Jean-Paul Sartre, 1938