Wednesday, April 22, 2009

Positions intenables et dilemme Cornélien.









Seules deux choses sont infinies, l'univers et la stupidité de l'homme. Et encore, je ne suis pas sûr de la première!

Albert Einstein.


La piètre prestation télévisée de Sayyed Hassan Nasrallah au cours de la soirée du Vendredi 10 Avril 2009 en réponse a la riposte dévastatrice d’un régime Egyptien saturé des ingérences provocatrices et répétées du Secrétaire General d’Allah dans ses affaires intérieures, demeurera dans la mémoire des inconditionnels du Cicéron de la Banlieue-Sud, comme un souvenir aussi fâcheux qu’embarrassant.

Présentement, nous assistons a la dégradation progressive de l’image de probité et de crédibilité que le Hizb a tant œuvré pour s’en bonifier aux yeux des Libanais.

Serait-ce le résultat d’une incapacité grandissante de la résistance à s’autocontrôler, ou plutôt de la présence de points de vue divergents au sein de son politburo ? A moins que le Parti de Dieu n’ait subi le sort de ses ennemis jurés d’outre-frontière en contractant ironiquement a son tour, le virus mortel de l’arrogance et de l’infatuation !

La réalité probable, serait un dosage de ces éléments réunis, auxquels vient s’ajouter le cumul de facteurs essentiels qui vont de la mise en cause de la légitimité de la résistance après l’an 2000, jusqu'à la conscience sans cesse grandissante chez les Libanais, de l’incompatibilité absolue entre un puissant parti khomeyniste et paramilitaire, fortement endoctriné, lourdement armé, supérieurement organisé et fondamentalement totalitaire, et le coquet petit patelin de vacances, sommaire et frivole, qu’est le pays du Cèdre.

Entretemps, le Seigneur de la Resistance, sévèrement hypothéqué avec son secte pour le compte d’un Shylock intraitable, n’a devant lui d’autre issue que celle de poursuivre un combat commandité où son charisme et son talent oratoire exceptionnels ne lui sont plus d’un grand secours pour la défense d’une position de plus en plus indéfendable.

Pour s’opposer aux forces de ‘’l’axe Syro-Iranien’’, la seule et unique alternative offerte aux Libanais est celle de réélire la coalition des raclures survivantes du système qui a étouffé dans l’œuf tout mouvement de libéralisme, de développement et de progrès véritable, depuis les premiers moments de l’indépendance jusqu'à nos temps présents.

Beaucoup plus qu’un Hassan Nasrallah ou un Michel Aoun qui ne seront jamais que des importuns sur la scène politique Libanaise, c’est les Istiz Nabih, les Walid Bey, les Cheikh Boutros, le Baron Abou-Elias de Bteghrin, l’Ingegneri Nassib, et leurs semblables qui constituent le prolongement naturel de la lignée accaparatrice et opportuniste qui a depuis toujours composé la flore quintessentielle du régime Libanais.

Un accord tacite sur le partage de la tunique du crucifié (le citoyen) semble unir cette Cosa Nostra du défaitisme et de la corruption en une puissante Franc-maçonnerie datant d’avant la première république. Ce qui fit qu’aux premiers jours de la victoire du Tayyar en 2005, Abou Elias complotait déjà pour déserter les rangs de ces ‘’oisillons’’ de Rabieh auxquels il ne ressemblait ni par le plumage, ni par le ramage.

Et il le fit.

Accueilli tel l’enfant prodigue dans les rangs des ‘’QuatorzeMarsistes’’, les effusions et les honneurs s’évanouirent brutalement lorsqu’il apparut clairement qu’il n’apportait pas avec lui les voix escomptées du Tashnag…

A loup, loup et demi, et Walid Bey sera toujours là pour vous le confirmer.

Heureusement qu’il y a le Cheikh en herbe Nadim, le Pharaonique Michel et Madmouzèle Nayla, les valeureux candidats du 14 Brumaire a la première circonscription Beyrouthine où je vote, qui vont redorer le blason du Liban après avoir restitué a la nation le reste des territoires occupés, donné une bonne leçon de conduite au régime Syrien, réglé jusqu’au dernier centime les dettes du Liban et délivré le pays de la menace Syro-Perso-Aouniste.

Une anecdote remontant au temps du RPF prête l’expression ‘’Mort aux cons’’ a Louis Vallon lors d’une réunion, et a laquelle Charles De Gaulle aurait répondu : « Vaste programme, mon ami, vaste programme »*

On dit qu’avec l’âge, les ambitions s’amenuisent et acquièrent des proportions plus modestes. N’échappant pas à cette règle, je reconfirme que j’ai décidé d’exercer mon droit d’électeur à un âge avancé et pour la première fois de ma vie, en votant pour le Tayyar.

C’est la réduction sensible sur la facture outrageuse des télécommunications, malgré les piaillements stridents d’un Sanioura courroucé, l’amélioration considérable et la distribution équitable en courant électrique dans toutes les régions, et la lutte quotidienne livrée par les ministres du Tayyar pour assurer un minimum de sécurité sociale et médicale et un meilleur service au contribuable, tout en essayant de le soulager autant que possible du joug scandaleux des taxes arbitraires, alors que de l’autre côté, les ministres de la ‘’majorité’’, notamment les chrétiens d’entre eux, se liguent dans un manque de coopération aussi honteux qu’incompréhensible pour essayer par tous les moyens de contrecarrer ces projets de strict intérêt public, voire de les saboter, qui m’a finalement emmené a prendre ma décision qui n’a rien de politique.

Le court séjour au pouvoir du Tayyar s’étant avéré assez concluant, j’y réagis à l’instar de n’importe quel citoyen du monde libre et ‘’civilisé’’ pour lequel sa fiche d'impôts, ainsi que la liste des allocations et services gouvernementaux, constituent l’intérêt électoral unique, sinon majeur.

Le dilemme Cornélien touche à sa fin.

Pendant plus d’un demi-siècle, j’ai vu se succéder au pouvoir, la crème de la crème des salauds et l’extrait concentré des ordures de la terre, qui ont fini par dénaturer définitivement et irréparablement le pays de mes rêves ; alors qu’ais-je encore a redouter puisqu’en accordant au Tayyar sa chance pour se prouver, il n’y a strictement rien a perdre et possiblement de la justice sociale a en récolter ?

Et puisque dans tous les cas, pour Chimène, c’est foutu.

Ibrahim Tyan.

* "De Gaulle, Pensées, répliques et anecdotes", éd. Le cherche midi, 1994, rééd. France Loisirs, Paris, 1995, p. 198.

* De nombreuses versions de cette anecdote proposent d’autres variations ou contextes mais presque toutes concordent sur la réplique magistrale du général.

I.T.

Wednesday, April 8, 2009

Le déclic d'Aïn-el-Mraïsseh, ou les effets du surdosage en faucilles.



Ressassements ?
Nostalgie ordinaire ?
Ou tout juste un syndrome latent d’inadaptation, d’après l’hypothèse chère aux analystes du Dimanche ?

Qu’importe.

Il demeure que dans les deux photos qui suivront, il n’est guère difficile de constater, possèderait-t-on un degré de discernement n’excédant pas celui d’une linotte ou pas, le dramatique contraste entre la grâce élégante du petit sérail qui siégeait a l’ancienne place des canons, (le tout, disparu depuis sous les chenilles du cannibalisme socioculturel), et le sinistre alignement des actuelles faucilles noires de l’inculture et de la vulgarité, avec leurs becs acérés se détachant sur le crépuscule flamboyant d’Aïn-el-Mraïsseh tels des oiseaux de cauchemar générés par le crayon fantasque d’un Philippe Druillet.





Mais la perte irréparable d’anciennes places et de vieilles pierres, entraînant la dissipation graduelle de toute mémoire inhérente, demeurera un malheur relativement secondaire devant la perspective d’un avenir dont les prémices annoncent l’ascendance inéluctable d’une nouvelle Medellin a la place de ce qui fut jadis la capitale mythique de la Suisse du Levant.

Acculé entre deux aberrations dénaturées et survivantes de la préhistoire, dont l’une n’est qu’un immense Goulag Stalinien et l’autre une réplique Biblique de ce qui fut l’enclave Rhodésienne d’Ian Smith, le Liban, affligé en surplus d’un régime dont le banditisme et la corruption forment la constitution véritable, ainsi que d’une population composée en majorité de pitoyables quadrupèdes fanatiques et sous-développés, s’est définitivement engouffré dans l’étroit couloir qui ne peut mener qu’a une seule porte : celle des chiottes publiques.

Mais il serait injuste d’accabler excessivement le Liban et les Libanais lorsque l’on constate que ‘’l’élite’’ qui compose les quelque 1/5 de la population mondiale, et qui continue d’accaparer de gré ou de force les 4/5 des ressources planétaires, s’obstine dans son arrogance capitaliste a s’injecter frénétiquement Trillion sur Trillion dans une tentative absurde pour renflouer une économie irrémédiablement estropiée, plutôt que d’avoir le courage de recourir une bonne fois aux solutions drastiques et inévitables ; ce qui leur épargnerait (et le reste du monde) l’imminence d’un désastre généralisé, dussent-ils pour cela étouffer leur voracité colonialiste a peine dissimulée sous un lustre rendu tellement mince qu’il ne sert plus qu’a leurrer quelques Bédouins crédules.

Et voila.

Le buffet de la démagogie populiste est rouvert ; avis aux amateurs…

* * * *

Une faucille noire interposée entre mon banc de pierre d’Aïn-el-Mraïsseh et la Méditerranée semble me narguer de son méchant bec crochu.

Par quel truchement mystérieux de l’inconscient, cette hideur urbaine me ramena aux ‘’Caves du Vatican’’, le récit burlesque d’André Gide ? Allez donc savoir !

De fil en aiguille ma mémoire vagabonda de Gide à Raskolnikov, le personnage central de "Crime et Châtiment" de Dostoïevski, avant de s’arrêter sur le dialogue entre les deux frères, Glaucon et Adimante, du le livre III de ‘’La République’’ de Platon.

Je dois au discours de l’illustre Athénien sur l’autonomie ou l’hétéronomie de l’acte, le déclic qui mit fin à mon nomadisme cérébral.

Jaillie des tréfonds comme Moby Dick face à Achab, la décision était là devant moi aussi soudaine que brutale.

Alors que par principe je n’avais encore jamais voté de ma vie, je quitterais ma tanière du Metn-Nord dans la matinée du Dimanche 7 Juin 2009, et me rendrais à Achrafieh pour glisser dans l’urne électorale la liste du Tayyar, Zaï ma hiyé.

Si pour Meursault dans ‘’l’Etranger’’ de Camus, « C’était a cause du soleil », pour moi, c’est a cause des faucilles.

Il y en avait une de trop.

Ibrahim Tyan.